Sarro, auteur-compositeur-interprète : ‘’Les gens qui se disent musiciens devront accepter d’apprendre la musique’’.

par | 21 février 2016 | Interviews

Sarro de son vrai nom Omar Sarr est un auteur-compositeur-interprète sénégalais originaire de Pikine. Dans cet entretien accordé à Dakar Musique Il est revenu sur ses début dans la musique et le choix de l’ l’afro- acoustique comme mode d’expression.

Pourquoi avoir choisi de faire l’afro-acoustique plutôt que le mbalakh plus connu par les sénégalais ?
Lorsque j’ai commencé à faire de la musique ce n’était pas pour me limiter au Sénégal seulement, mais pour faire le tour du monde. Par ailleurs avec ce style afro-acoustique je me sens à l’aise pour véhiculer mon message.

Parlez-nous donc un peu de l’afro–acoustique quelle est, par exemple, sa différence avec le mbalakh ?
L’afro-acoustique est beaucoup plus riche en termes de mélodies et il y a beaucoup plus de recherche avant d’aboutir à un résultat « potable ». La musique Mbalax ne dure généralement qu’un laps de temps, ce qui ne me convient pas vu je souhaite faire le tour du monde avec ma musique pour montrer le monde entier que la musique est universelle.

Avez-vous avez une idole dans la musique ?
Je n’ai jamais eu d’idole pour ne pas être influencé parce que je sais ce qui dort en moi. Mon album compte par exemple quatre titres : Babylone, Domou adama, Maman, et Tomorow. J’ai fait ce choix pour donner un avant-gout de mon travail et mettre dans le bain ceux qui m’écoutent par rapport à ce que je leurs réserve.

Que pensez-vous de la musique sénégalaise ?
La musique sénégalaise est morte et on doit réorganiser tout ça. Les gens qui se disent musiciens devront accepter d’apprendre la musique. Les télévisions aussi devront veiller sur les clips qui passent sur le petit écran car il y va de l’éducation de nos enfants. Nous les sénégalais nous sommes facile a influencé car nous n’avons pas notre propre identité. Et dans tout ceci l’état a une très grande part de responsabilité car le développement de notre culture fait partie de ses prérogatives et il ne semble pas y faire grand-chose.

Pouvez-vous nous parlez un peu du titre « Tomorow » ou vous rendez hommage à votre père
Je vivais avec mon père avant qu’il ne meurt, il m’aimait beaucoup et m’a donné une très bonne éducation. J’ai très tôt arrêté mes études pour faire la musique, ce qui n’était du goût de mon père. Donc je jouais de la guitare en cachette. En 2008 il est tombé malade et lorsqu’il a su qu’il allait bientôt mourir, il a appelé ma mère en lui disant ceci: « j’ai entendu que ton fils joue de la guitare en cachette, appelle-le pour qu’il me montre ce qu’il sait faire avec la guitare ». J’avais naturellement très peur car je n’avais pas une très bonne relation avec mon père en ce moment. Par la suite je me suis dit puisqu’il est malade je vais lui faire plaisir. Quand j’ai commencé à chanter il s’est mis à pleurer et moi aussi je n’ai pas pu retenir mes larmes. Et c’est jour-là qu’il m’a donné sa bénédiction et a prié pour ma réussite. Quelques mois plus tard il a rendu l’âme et c’est pour cela que j’ai intitulé mon album « Tomorow » parce que cette prière que mon père a fait pour moi me donne et me donnera la force d’avancer.

Avez-vous de vos projets à court ou moyen terme?
Actuellement je suis en collaboration avec un espagnol pour faire un album digital. Par ailleurs nous projetons de faire une tournée dans les pays africains.

Mame Sokhna Badji

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