Pape Birahim Ndiaye : « On ne peut pas faire de la musique et être perpétuellement dans les rues à faire du sophisme.»

par | 28 novembre 2014 | Interviews

Artiste, auteur et compositeur, l’enfant de « From Médina », pour ne pas dire Pape Birahim Ndiaye, est un artiste unique, qui chante les émotions de la vie comme personne. Son premier opus sur le marché, dédié à la femme, à la vie à la paix, à la spiritualité etc. transmet toutes les perles de vies aux grands comme aux petits, en livrant tous les secrets du bonheur, avec des thèmes dont chacun peut se reconnaitre. La preuve dans cette interview accordée à Dakar Musique.

Dakarmusique.com : peut-on savoir qui est Birahim Ndiaye?
Birahim Ndiaye est un modeste artiste sénégalais qui ne sais pas grand-chose et qui essaie tant bien que mal de faire de son mieux.

Dakarmusique.com : depuis quand êtes-vous dans le milieu de la musique ?
Je peux dire que ça fait longtemps parce que depuis tout jeune je chantonnais et tout quoi, je passais tout mon temps à écouter de la musique (Reggae, Rnb etc.).

Dakarmusique.com : comment en êtes-vous devenu artiste musicien ?
C’est venu naturellement en fait, je faisais de la musique juste pour m’amuser  mais je n’ai jamais pensé ou bien voulu être artiste. J’ai commencé par le rap avec des amis et, par la suite, j’ai arrêté pour ensuite revenir participer au single d’un ami dont je faisais le chœur.  Comme  il était en voyage,  je faisais le tour des écoles pour chanter le single et c’est de la sorte que j’ai rencontré une dame Juliette Ichard qui m’a présenté à Bouba Ndour dans les années 2005. Comme Bouba n’avait pas beaucoup de temps avec les artistes Mame Balla, Viviane et autre, il m’a mis en relation avec Ibou Ndour et c’est ainsi que tout a commencé.

Dakarmusique.com : Vous avez intégré le label Prince Art en 2005 et vous avez sorti votre premier album en 2014, qu’avez-vous eu à faire durant cet intervalle de temps ?
Quand j’ai signé avec Prince Art j’ai réalisé qu’il n’y avait plus de place au jeu et  j’ai commencé à intégrer les groupes de reggae avec Timshell Band, mon propre groupe, Issa Diarra, Papis, Lamine Kaolack etc. avec des performances au Just 4 u, au Must … je n’avais aucun autre souci, à chaque fois que je ne suis pas à la maison pour répéter c’est que je suis à la plage.  J’avais des objectifs en vus et l’album « From Médina » est le fruit de dix ans de préparation.

Dakarmusique.com : que retenez-vous de la réception de cet album par le grand public ?
Tout ce que je peux dire à propos de l’album c’est que les gens l’ont bien accueillis, je rends grâce à Dieu, ce n’est pas évident de sortir un produit et que vite fait, les gens le reçoivent de la plus belle des manières.  « Alhamdou lilah », comme j’ai l’habitude de le dire ce n’est pas que j’ai une superbe voix, ou bien un talent extraordinaire, c’est juste une aide divine et la prière des gens qui ont aimé mon premier titre « Naby ».

pape birahim -1

Dakarmusique.com : « From  Médina » est un album de 9 titres, pouvez-vous revenir sur les grandes lignes ?
 J’ai commencé par « Naby » qui est  la porte d’entrée et ça a plu au sénégalais, toutes communautés religieuses confondues. Ensuite vient «  Kima  Doon Set » c’est-à-dire que chaque homme tend vers cette femme idéale qui a conscience de qui elle est, ce qu’elle veut, ce qu’elle vaut et celle qu’elle est appelée à devenir. Cette femme exemplaire va me pousser à donner le meilleur de moi-même rien que pour la satisfaire et subvenir à ses besoins.  Et la leçon de morale est que, quand on veut une femme de valeur pour soi, on n’a pas le droit non plus de dévier du droit chemin une autre femme, toutes les femmes se valent, elles sont des sœurs, des mères et des épouses.
De plus, « Jogel Fight » est une façon de dire qu’un homme doit se battre pour gagner sa vie, malgré les vicissitudes de la vie, il ne doit jamais baisser les bras. Il y a aussi « Jamm Ju Sax»,  le Sénégal est un pays de paix mais la paix dans les cœurs et encore mieux. On doit cultiver la paix dans notre cœur si les cœurs ne sont pas en union ou communion c’est encore pire que la guerre.  Aussi on dit souvent « Waw Leen Goor » d’où  le titre «  Waaw Leen Jiguéen »  qui est une incitation à accorder plus d’importance et de respect aux femmes, il n’y a pas de femme vilaine, c’est à l’homme de faire de la femme c’est qu’elle est appelée à être, c’est-à-dire une reine.
Aussi « Fu Ma Jem » parle des déceptions que nous avons tous eu à vivre un jour. Tu peux être avec une fille, qu’elle soit ta femme ou bien ton petit amie, et du jour au lendemain, elle te laisse sans raison, c’est une histoire de déception en fait. Vient par la suite « Love you Forever » qui est un vœu de vivre l’infinité avec son élu. Bref il y a autant de thème qui font qu’en écoutant l’album, on est éveillé sur plusieurs points.

Dakarmusique.com : « Fu  Ma Jem » est- elle une histoire que PAPE Birahim a vécu et extériorisé ?
Tout à fait, cette chanson ce n’est pas une chanson sortie de l’imaginaire. C’est une histoire que j’ai vécue avec une fille que j’aimais et qui, du jour au lendemain, rompt sans raison. Et j’avoue que j’ai écrit la chanson quand elle m’a envoyé balader. J’y ai retracé des souvenirs et cette chanson marque beaucoup de gens parce qu’ils s’y retrouvent et c’est ça la musique.

Dakarmusique.com : vu que le Grand Théâtre est le lieu où les artistes se testent, Pape Birahim prépare t-il le Grand Théâtre ?
Le grand théâtre n’est plus un mythe en fait, quand on fait une bonne production et que les gens l’apprécient, si on donne un spectacle au grand théâtre les gens vont venir. Celui qui sent le grand théâtre peut y aller mais une chose est sûre, c’est de grands chanteurs qui y vont et qui le remplissent et le moment venu, on ira s’y produire inchalah.

Dakarmusique.com : quels sont les projets de Pape Birahim?
Je compte aller loin, la musique est ce qui fait mon bonheur et je vais faire mon possible pour que le travail aille de l’avant et que ma musique puisse être écoutée en dehors du Sénégal.

Dakarmusique.com : quelles sont vos relations avec les autres artistes ?
Des relations de paix bien qu’on ne se fréquente pas. Je n’ai pas de temps pour des fréquentations ; je pouvais faire comme tout le monde et profiter de la vie, mais non je lui là, je continue mes répétitions parce que je sais ce que je veux. Quand on se voit c’est la paix mais pas de relation amicale.

Dakarmusique.com : peut-on s’attendre à voir Pape Birahim en reggae man ?
C’est déjà dans mes projets, même dans les concerts il m’arrive de déraper parce que c’est le reggae qui coule dans mes veines. On me reproche même de ne pas savoir danser mais pourquoi danser vu que les danseurs sont là pour le faire.

Dakarmusique.com : quelle idée vous faites-vous de la  situation actuelle de la musique  sénégalaise ?
Ça craint vraiment parce que c’est dur, imagine toi le nombre pléthorique d’artistes qu’il y a au Sénégal, les artistes qui jouent et qui tournent se comptent sur les doigts d’une main. C’est une crise.

Dakarmusique.com : et comment sortir de cette crise ?
Ça demande du travail il y a des pays qui étaient en crise et par le travail ils ont réussi à s’en sortir. Donc si nous travaillons bien on peut faire de même. Si tu optes pour la vie d’artiste tu te dois de trimer et ce travail commence dans le cadre psychologique ; être correct avec soi-même, c’est de la sorte que tu peux méditer et extérioriser le fruit de la cogitation pour le bien de tous. Mais on ne peut pas faire de la musique et être perpétuellement dans les rues à faire du sophisme. C’est bien de sortir, d’étudier  le fonctionnement du showbiz et tout mais la réclusion est plus qu’essentielle. Je lance aussi un appel aux fans qui font des rivalités et des amalgames entre les artistes, je leur dis que nous sommes tous des sénégalais, si Pape Diouf joue c’est les fans de Wally qui vont y être  et si c’est Wally qui joue, les fans de Pape Diouf y sont aussi. Donc c’est les sénégalais qui vont dans les spectacles, unissons les cœurs et allons de l’avant.

Dakarmusique.com : mots pour finir !
Je vous remercie, je prie pour les sénégalais et je remercie les fans pour la réception de l’album. Soutenons plus les femmes parce qu’elles sont sensibles et, souvent, on me demande comment je vis avec les femmes, je leurs réponds que je n’ai que des relations de paix avec  les femmes.

Abdoulaye Diaw, Dakar Musique
[email protected]

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