Le célèbre saxophoniste afro-américain Archie Shepp a donné vendredi soir à Alger, en ouverture du 6ème Festival international de la musique diwan, un concert alliant la liberté du jazz et la profondeur du blues aux sonorités de la musique africaine. Accompagné de son orchestre (guitare, contrebasse, piano et batterie), du claviériste malien Cheikh Tidiane Seck et de la chanteuse Mamani Keïta, également du Mali, Archie Shepp, âgé de 76 ans, a revisité des standards du jazz américain et proposé au public de la salle Ibn Zeydoun une fusion avec des sonorités de la musique traditionnelle mandingue (Afrique de l’Ouest).
Fidèle à l’esprit de liberté qui caractérise sa musique depuis les années soixante, illustré notamment lors de son premier passage historique à Alger en 1969 au Festival Panafricain, Archie Shepp a déployé sur scène tout son talent d’improvisateur, en accompagnant, au saxophone ténor et à la clarinette, par petite touches ou par de puissantes envolées, les mélodies typiques du clavier de Tidiane Seck, accompagnée par la voix suave de Mamani Keïta.
Ce lien puissant aux musiques d’Afrique trouve sa justification dans « la proximité spirituelle entre le blues, le gospel et ces musiques d’Afrique du fait de l’histoire de l’esclavage aux Etats-Unis », avait expliqué Archie Shepp lors d’une rencontre avec la presse, organisée la veille du concert.
Le musicien américain, également chanteur, poète et dramaturge engagé, a, par ailleurs, rendu hommage à des figures du jazz et du blues de son pays en interprétant une composition du grand pianiste Duke Ellington (1889-1974) et une chanson dédiée à la diva du blues Bessie Smith (1874-1937).
Le spectacle s’est conclu sur les rythmes endiablés de la musique diwan, en compagnie des jeunes artistes de la troupe algéroise « Ouled Bambara » qui sont montés sur scène sous les applaudissements nourris du public, venu en grand nombre pour cette soirée d’ouverture.
La troupe « Ouled Bambara », troisième prix au dernier Festival national du diwan, avait animé la première partie du spectacle en interprétant des morceaux des répertoires marocain et tunisien du diwan. Une prestation également centrée sur les pas de danse typique de ce genre traditionnel, exécutés en solo ou en groupe sous les battements du tambour et des karkabou.
Ils ont également rendu un vibrant hommage au maître du diwan algérois, décédé en 2008, Maâlem Benaïssa, en interprétant « Badaouia », une de ses plus célèbres chansons.
Le 6ème Festival international de la musique diwan se poursuit jusqu’au 3 octobre avec, aux côtés des trois troupes algériennes de diwan, des artistes de renommée internationale, des Etats-Unis, de Guinée et du Mali.
Source : letempsdz.com