Fallou Dieng, ou bien le roi des ambianceurs, est sur toutes les lèvres notamment avec son nouvel opus « Momé Vent » dont le titre du même nom fait fureur sur les chaines de télévisons, sur internet ainsi que sur les bandes FM. C’est pourquoi l’équipe de Dakar Musique s’est rapprochée de lui pour une interview au cours de laquelle il revient sur son grand retour, sur son absence, sur le nouvel album ainsi que sur la situation de la musique sénégalaise etc. Entretien.
Dakarmusique.com : Fallou, après quatre ans d’absence sur la scène musicale sénégalaise, vous marquez votre grand retour !
C’est avec beaucoup de plaisir que je reviens vers les fans et mélomanes et, si je reviens pour sortir « Momé Vent » c’est d’abord pour faire plaisir à mes fans qui ont beaucoup trop attendus. Je suis de retour pour eux bien que je n’ai jamais vraiment quitté la musique.
Dakarmusique.com : pourquoi ce break ?
Faire deux albums en deux ans c’est tout sauf facile ! J’avais fait un break pour travailler, revoir l’orchestration du groupe et tout ce qui va avec. Le DLC a enregistré beaucoup de départ notamment avec celui d’Assane Seck qui était mon arrangeur et pas mal d’autres aussi. Donc il fallait que je revoie mon staff et mon groupe et cela m’a pris beaucoup de temps pour pouvoir revenir sur la scène musicale.
Dakarmusique.com : pouvez-vous nous parler du fond de votre new opus « Momé Vent » ?
Dans la vie il y a des hauts et des bas et c’est ce qui m’a inspiré pour sortir « Momé vent ». Déjà depuis notre tendre enfance, on entend toujours dire « ma momé vent » (j’ai le vent en poupe) et c’est cela que j’ai essayé de positiver. On peut être en vogue aujourd’hui et ne pas l’être demain c’est une expérience manifeste que nous avons eu tous à vivre. La leçon à tirer c’est que l’individu se doit d’être toujours humble peu importe la situation dans lequel il est confronté.
Dakarmusique.com : on a vu que au détriment des thèmes de société, l’album est carrément centré sur l’homme pour ne pas dire sur des individualités comme « Gora Compas », Serigne Abo Falilou », « Maky Yo », « Ma Fit » pour ne citer que cela, Fallou est-il devenu égoïste ?
Je pense que ce sont des thèmes de société hein ! « Ma fit » par exemple c’est un thème de société, de même que « Alal » etc. je pense que cet album englobe l’humain, l’Homme. Il y a une chanson « Nit Ki » qu’il faut très bien écouter. Je déclare dans cette chanson que de toutes ses créatures, c’est l’homme que Dieu adore le plus et c’est l’homme paradoxalement l’homme qui est le plus rebelle vis-à- de sa volonté. J’y décortique également, de fond en comble, les différents composants du corps humain (…). Nous avons fait un important travail textuel pour cet opus.
Dakarmusique.com : avez-vous pensé à vendre l’album en ligne ?
Oui j’y ai effectivement pensé d’ailleurs j’ai vendu une partie de l’album au label Domou Djolof production, qui vont par la suite le revendre en Europe. C’est la raison pour laquelle l’album est sorti en France et moi je m’occupe de la sortie nationale.
Dakarmusique.com : nul n’ignore que Fallou est à la fois un grand musicien et ambiancer, quelle réflexion avez-vous sur la situation de la musique ?
Tout le monde sait que les meilleurs resteront toujours les meilleurs dans la mesure où une fois que le talent est là il y demeure. Mais mon constat et que ce ne sont pas les artistes les plus talentueux qui sont au devant de la scène musicale sénégalaise mais ceux à qui ont a épaulé, qui ont du soutien. Il serait faux de penser que ceux qui sont au devant de la scène sont meilleurs que le reste des autres artistes mais c’est juste parce qu’ils sont épaulés. Et, moi personnellement, j’ai dépassé le stade des tiraillements pour des places parce que j’ai tout fait pour la musique sénégalaise. C’est pour dire que je ne fais pas de la musique pour faire la concurrence à qui que ce soit, d’ailleurs cela n’a jamais été dans ma logique et ne le sera jamais. Mais mon constat et qu’il y a beaucoup de partie pris dans la musique sénégalaise avec des labels qui te font briller ou éclipser quand ca leurs chantent.
Dakarmusique.com : pour pallier à tout ceci, ne pensez-vous pas que l’artiste se doit d’avoir une équipe de professionnelle derrière pour faire le travail de communication nécessaire afin de le propulser ?
Oui il le faut absolument parce que la communication c’est une machine et ceux qui ont eu la chance d’avoir cela on les entend partout et si tu n’es pas chanceux tu te retrouves dans l’ombre. Donc actuellement, pour réussir dans la musique, il faut qu’il y ait une machine communicationnelle derrière toi, sans cela, que tu sois un grand ou un petit artiste, tu es comme tout le monde. Sincèrement, ce que je vois dans la musique, c’est très difficile. Quand tu sors un album ce n’est plus pour gagner de l’argent mais simplement pour exister.
Abdoulaye Diaw, Dakar Musique
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