Bamako, capitale de la biennale de la danse africaine

par | 5 novembre 2010 | Africa News

Au terme d’une journée de délibération du jury présidé par Angelin Preljocaj, la liste des lauréats du concours de la Biennale Danse l’Afrique Danse! a été annoncée le 4 novembre au Palais de la Culture Hamadou Ampaté Ba de Bamako, en présence du ministre de la Culture du Mali.

Surprise: au lieu des trois lauréats attendus (une ou deux pièces de groupe et un solo), pas moins de quatre prix et une mention spéciale ont été décernés par le jury, la fondation Orange pour la création malienne, Puma Creative et Creative Africa Network.
Une des récompenses a été spécialement créée pour l’occasion afin de soutenir les femmes chorégraphes, trop rares dans ce concours, comme dans la production chorégraphique africaine en général. Et que l’on ne s’imagine pas qu’il s’agit d’un coup d’épée dans l’eau! Ce prix, décerné cette année à l’artiste malgache Julie Iarisoa de la compagnie Anjorombala pour Sang Couleur, sera renouvelé tous les deux ans.

Des nouveaux talents prometteurs

Le jeune danseur malgache Junior Zafialison se voit décerné une mention spéciale du jury. Son solo Ail ? Aïe ! Aïe ! porte bien son nom: un titre programmatique qui fait référence aux vertus médicinales de l’ail sans en négliger les désagréments, comme pour illustrer ce qu’il en est de la dualité intrinsèque de l’homme.

Il dansait également un duo avec Aly Karembe, danseur malien formé à Donko Seko par Kettly Noël, Danse esprit, danse en corps et encore, invité au Pavillon Noir d’Aix-en-Provence dirigé par Angelin Preljocaj la saison prochaine. Celui-ci s’est vu décerné un prix par la fondation Orange pour son solo Idobscure, présenté hors concours aux Plateaux Danse de Bamako. De prometteurs débuts…

Des pièces chargées de symbolisme

Pour les pièces de groupe, deux spectacles ont été retenus. Celui d’Horatio Macuacua (Mozambique) avec Orobroy, stop !. La femme y est présente sous la forme du travestissement, dans un trio interprété par deux hommes et une femme tous revêtus de robes. « Orobroy » signifie « pensée » dans la langue des gitans. Or la pensée à l’œuvre dans le spectacle penche clairement vers le nomadisme des formes esthétiques et leur hybridation contemporaine.

L’ironie participe clairement de ce déplacement quand ils plaquent sur leur visage un masque de singe et se mettent en ligne, l’un courbé, le second se redressant et le dernier bien droit, illustration en marche de l’évolution de l’espèce humaine et esquisse des danses à venir…

Le second prix de groupe a été décerné au congolais Florent Mahoukou, avec On the steps qui met en scène un quatuor de danseurs aux trajectoires solitaires, atomisées, avant de se laisser gagner par les pulsations de la musique.

L’ambiance dancing d’un défilé de filles et de garçons super sapé déboulant sur le plateau, en fringues dernier cri ou en habit traditionnel, résume à elle seule la conception de l’écriture chorégraphique de Florent Mahoukou : « un espace à déplacer et non seulement à remplir ». Au final, le public est d’ailleurs pris par la main pour venir danser un slow languissant…

A la clé: une tournée européenne à venir

Enfin, dans la catégorie solo, c’est le nigérian Kudus Onikeku qui remporte le prix avec My exile is in my head, inspiré par les notes de prison de Wole Soyinka, The Man Died.

En ouverture de la pièce, seule danse une ombre, projetée aux pieds du musicien Charles Amblard, sa guitare électrique posée sur ses genoux insufflant à l’ombre ses mouvements et son rythme. C’est le premier geste de l’exil : la projection d’un déplacement, puis la réalité de l’arrachement et l’adaptation à un nouvel environnement.

Tous ces spectacles bénéficient d’une tournée sur le continent africain dès le mois prochain et d’une tournée européenne en 2011 qu’il reste à organiser. Les deux compagnies lauréates pour les pièces de groupe reçoivent également une aide à la création d’un montant de 5000 euros pour un projet en 2011/2012.

Pour l’heure, ils répètent une dernière fois et vont rejouer ce soir leurs pièces avant un final qu’on pressent explosif, rue Princesse, le cœur battant des nuits bamakoises de Danse l’Afrique Danse !

Article Source : lesinrocks.com

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