Yoro Ndiaye : « Nous ne pouvons pas vendre une musique africaine à l’étranger avec des instruments purement modernes.»

par | 11 juin 2013 | Interviews

Mayoro Ndiaye, plus connu sous le nom de  Yoro Ndiaye, est de ces artistes qui ne se font plus présenter sur la scène musicale sénégalaise. Artiste, auteur et compositeur, Yoro s’est fait connaitre avec son fameux tube « kharit ». En pleine promotion de son album « Laamisso », Yoro Ndiaye a accordé une interview à Dakar Musique. 

Dakarmusique.com: de 2002 à 2013 que retenez-vous de votre parcours d’artiste ?
Durant cette période, j’ai eu à sortir 3 albums à savoir « Begg Dem », « Nittu Niit » et « Laamisso ». Je peux dire aussi qu’il s’est passé beaucoup de chose entre tant ;  je me rappelle qu’en 2002 j’ai participé à la compilation Sénégal Folk, ensuite nous avons sorti notre propre album en 2004 « Begg Dem ». J’ai commencé par faire les premières parties de Youssou Ndour, le club Med ou le groupe Yoon Wi s’est formé etc. pour rappel, « Begg Dem » est sorti sous forme de k7 avec 8 titres et, par la suite, nous avons eu des contacts en Italie ce qui a favorisé la sortie de l’album sur le plan international. C’est le second album « Nittu Niit » sorti en 2007 qui nous a révélé au grand public avec le titre « kharit » bien que, c’est en 2008 que nous avons eu la reconnaissance du public et cette année nous sommes revenus avec « Laamisso ».

Dakarmusique.com: comment se passe la promotion de cet album ?
Nous sommes en train de faire la promotion à travers des concerts un peu partout a Dakar , dans les bars, les restaurants etc. nous travaillons aussi sur une tournée national qui devait commencer depuis longtemps, mais le manque de  sponsors nous a un peu retardé. D’ici peu la situation va se décanter et nous pensons même faire des tournées dans les 5 universités du Sénégal.

Dakarmusique.com: que veux dire le tire de votre dernier album Laamisso ?
 Laamisso est un mot ou une expression wolof qui veut dire, à peu prés, la courtoisie, le dialogue de culture en ce sens que nous sommes dans l’ère de la mondialisation; ce qui fait que nous devons nous ouvrir aux autres, les accepter et les tolérer avec leurs différences de culture, de religion etc. pour que cela se fasse, il faut de la courtoisie et c’est la raison pour laquelle j’ai choisi le titre de Laamisso.

Dakarmusique.com : plus de 5 mois après la sortie de votre album, quel bilan pouvez-vous tirer ?
Ca va crescendo parce qu’au départ,  nous n’avions pas noté un grand engouement  autour de la communication parce qu’un artiste indépendant n’a pas trop de moyens pour faire la promotion comme elle se doit. L’album fait son petit bonhomme de chemin et, plus le temps passe plus les gens découvrent l’album et viennent vers nous pour se le  procurer. Je trouve que, par rapport aux albums précédents, celui-ci aura beaucoup plus de succès. C’est à  travers les concerts que nous vendons nos cd et les gens nous découvrent de plus en plus.

Dakarmusique.com: « Laamisso » est différent des deux premiers autres tant sur le plan de la thématique que sur celui des sonorités. Peut-on dire que vous êtes devenu mature ?
Oui oui j’ai fait beaucoup de voyage, j’ai participé a beaucoup de festivals, j’ai eu beaucoup de rencontres avec de grands musiciens d’ici et d’ailleurs. C’est le meilleur de toutes ces expériences que l’on retrouve dans cet opus ce qui fait que nous pouvons dire que c’est celui de la maturité.

Dakarmusique.com: nous notons une certaine diversité culturelle dans cet album avec des sonorités africaines comme la kora, le balafon, la calebasse,  etc. qu’est ce qui explique cette nécessité ?
Je pense que nous sommes des africains et, si on doit s’ouvrir, nous devons nous appuyer sur nos acquis. Nous devons nous enraciner d’abord et nous ouvrir ensuite; nous ne  pouvons  pas vendre une musique africaine à l’étranger avec des instruments purement modernes.

Dakarmusique.com: pouvez-vous revenir sur les chansons « ca ne va pas » (chantée 4 ans en arrière) et « wayaal » (dernier album) ?
« Ca ne vas pas » est un morceau qui parle des problèmes de l’Afrique, de la corruption, de l’égoïsme des dirigeants etc. je dénonce dans cette chanson l’injustice en Afrique et les maux dont souffre le continent africain. Et dans « wayaal » je redéfinis  le vrai rôle des porteurs de voix, ceux qui parlent dans les radios, les députes qui déclament au nom du peuple, de connaitre leur vraie fonction.

Dakarmusique.com : quatre ans après « ca ne vas pas », pensez vous qu’il y a une évolution de la situation ?
Cette chanson est toujours d’actualité parce que tout ce qui se dit, on le retrouve toujours dans notre quotidien. C’est dommage mais notre rôle est de s’engager avec le peuple pour qu’il y ait des lendemains meilleurs.

Dakarmusique.com: Bella chante l’amour, la femme idéale, la femme d’une vie etc. peut-on dire que vous avez rencontré Bella ?
Mais bien sur que j’ai rencontré mon Bella !  En fait Bella c’est un rêve, je me suis mis dans la peau d’un garçon qui cherche la femme idéale. Bella est une femme imaginaire et chacun a le doit de rêver et de d’imaginer la femme idéale qu’il veut avoir.

Dakarmusique.com: un message à l’endroit des autorités étatiques ?
Je leur demande d’accélérer le processus sur les droits d’auteurs et les droits voisins, c’est un secteur qui me concerne et c’est pour que les musiciens en général puissent s’y retrouver.

Abdoulaye Diaw, Dakarmusique.com
[email protected]

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