Wenge Musica : la naissance et le début du succès (I)

par | 4 mars 2012 | Africa News

Entre les années 80-81, à Kinshasa (RD Congo), dans la commune de Bandalungwa (communément appelée Bandal), un groupe d’amis encore collégiens, issus des parents pour la plupart fonctionnaires publics, réunis autour de Didier Masela Ndudi, monte un orchestre baptisé Wenge Musica.

Ce nom, outre la référence au bois noir produit en Afrique centrale, est choisi par analogie avec une équipe de foot locale « Wenge » dont le talent réjouissait son quartier d’implantation, bien que les victoires ne fussent pas régulières.

L’ajout de l’épithète « Musica » est tout simplement un hommage à leurs idoles notamment Papa Wemba et King Kester Emeneya du mythique groupe Viva- la – Musica.

Didier Masela Ndudi, bassiste, en est le fondateur aux côtés de Werrason Ngiama, Aimé Bwanga et Alain Mwanga.
L’une des caractéristiques de l’orchestre, c’est le recrutement de jeunes gens scolarisés . Dans les premières années, l’on distingue les chanteurs JB Mpiana, Blaise Bula « Celebu », Deno Star, Anibo Panzu, Wes Koka, Adolphe Dominguez et Werrason Ngiama (qui au départ joue de la batterie, se converti au chant et notamment à l’animation des parties dansantes).

La partie instrumentale est assurée par Aimé Bwanga (bassiste), Alain Mwanga « Zing-Zong » (guitariste solo), Alain Makaba (guitariste et claviériste), Christian Zitu (guitare rythmique), Maradona Lontomba (drummer) ou encore Evo Nsiona, joueur de tambour.

Leur premier lieu de répétition et prestations live est le «salle Moto na Moto Abongisa », toujours à Bandal. Jusqu’aux années 1985-1986, le groupe ne se consolide par encore comme il faut et apparaît toujours comme un passe-temps vacancier pour des musiciens, tous étudiants alors.

Les va-et-vient sont donc légions, et très peu de membres espèrent faire de la musique un véritable gagne-pain. Ce n’est qu’à partir de 1986, la montée grandissante de la réputation de Wenge Musica lui permet de jouer en lever de rideaux d’artistes et orchestres congolais renommés à l’époque à l’exemple de Choc Stars (dont l’une de vedettes Defao sera d’une grande aide matérielle) ou Langa-Langa Stars.

Les jeunes musiciens entrent pour la première fois en studio pour enregistrer certaines de leurs créations dont « Kin e Bouger » (version 1) de JB Mpiana, « Bébé akeyi na ye » de Zing-Zong ou encore « Laura » de Blaise Bula, sans que cela ne débouche sur un album.

Logiquement, l’ossature de l’orchestre évolue malgré le départ de certains des membres originels comme Anibo Panzu, Deno Star, Christian Zitu, Wes Koka, Alain Mwanga « Zing-Zong » ou Aimé Bwanga, pour poursuivre leurs études en France ou en Belgique.

Les nouvelles arrivées sont soumises à des tests et de nouveaux visages sont apparus à partir de 1985, le guitariste Djolina Mandudila, l’animateur Fula Full King puis, fin 1986, les chanteurs Ricoco Bulambemba de l’orchestre rival « Il fallait kaka » et Alain Mpelasi.

Pour anecdote, le recrutement de ce dernier s’est fait en novembre 1986, au hasard d’une rencontre avec Werrason. Le jeune homme âgé de quinze ans à l’époque et résidant à Matete, passait ses vacances à Bandal.
Un après-midi, pendant qu’il fredonnait une chanson de Victoria Eleison de Kester Emeneya, dans la rue bordant la maison de sa tante, Werrason en visite à proximité, le croise et intéressé par ce qu’il entend, l’aborde.

Il le convainc ensuite de le suivre au siège de Wenge Musica et le présente au staff qui accepte aussitôt sa jeune voix. Il faut savoir que Victoria Eleison constitue une référence dans la rythmique et le son de Wenge Musica qui s’en est largement inspiré.

En 1987, Wenge Musica livre pour la première fois un concert télévisé, au Studio Maman Angebi de Kinshasa.

Après cette production, seront pris les clichés photographiques qui serviront à illustrer la pochette du premier album intitulé « Bouger-Bouger ».

Les jeunes musiciens voient leur popularité se confirmer de plus en plus auprès des jeunes et fans de nouvelles sonorités. Grâce à l’abnégation d’Alain Makaba, JB Mpiana et Werrason, le groupe prend de l’ampleur. Le soliste avait plusieurs entrées chez les producteurs grâce à ses collaborations avec Zaïko Langa-Langa pour qui , il a joué du synthétiseur dans plusieurs albums entre 1987 et 1990, notamment dans le tube « Longindo ya Kassapard de JP Buse » et « Sentiment Bimi » de André Bimi Ombale.

JB Mpiana et Werrason quant à eux, façonnent les chants et les animations donnant un cachet musical original à l’orchestre. Toujours en cette année 1987 un nouveau chanteur talentueux s’ajoute à l’attaque de Wenge, il s’agit de Marie-Paul Kambulu ainsi que le mi-soliste Blaise Kombo (étudiant à l’ISC Gombe) et un deuxième drummer, Pipo la Musica. Fin 1987, le jeune ténor Manda Chante fait également son apparition. C’est dans cette popularité croissante qu’ils enregistrent « Bouger-Bouger », leur premier album.

Début du succès…

En 1988 paraît sous le label ‘ Next Music’, « Bouger-Bouger » dont « Mulolo » qui signifie « clameur », « nouvelle », est la chanson vedette. C’est une première réussite pour le groupe.

Il constitue également l’un des grands mystères, en raison de la paternité inconnue de la chanson, soutiennent certains observateurs musicaux, JB Mpiana et Werrason se la disputaient. Comme il fallait s’y attendre , « Mulolo » est élue meilleure chanson de l’année et Wenge Musica , orchestre révélation musicale. Par ailleurs, l’album comprend des tubes tels « Nicky D » de Werrason, « La Fille de Roi » et « Bakolo Budget » de JB Mpiana, « Dodo la Rose » de Blaise Bula et « Fisol », la chanson fétiche d’Alain Makaba.

Hors du giron du ‘ clan Langa-langa ‘ d’où proviennent les groupes Zaïko de Nyoka Longo, Viva- La- Musica de Papa Wemba et Victoria Eleison de King Kester Emeneya, Wenge Musica récolte un succès prometteur. S’inspirant du rythme du King Kester Emeneya, avec l’utilisation de sonorités électroniques et de musique assistée par ordinateur, le groupe devient le modèle d’une nouvelle génération cultivant le snobisme « Bon Chic Bon Genre » (BCBG) et la sape.

À cette époque l’« équipe type », en phase concert, est la suivante : JB Mpiana, Werrason, Blaise Bula et Ricoco (pour l’attaque chant, Ricoco ayant remplacé Adolphe Dominguez alors résidant en Europe), Alain Makaba, Djolina, Blaise Kombo (aux guitares rythmique), Didier Masela à la basse, Maradona à la batterie et Don Pierrot au tambour. Pendant ce temps , Werrason abandonne l’animation l’ Atalaku (animateur) Full King et les nouveaux Roberto Wunda Ekokota et Kennedy Mbala tous deux en provenance de la formation « Bana Odéon », un groupe folklorique congolais ayant donné les grands ‘atalaku’ congolais, à l’exemple de Nono Monzuluku et Bebe Atalaku de Zaïko, Ditutala de Choc Stars.

De nouveaux guitaristes, le bassiste Delo Bass, le mi-soliste Collégien et le soliste, Alain Mwepu, sont incorporés à la même période. Leurs titres comme « Djino » ou « Dady Bitodi » animent les salles de spectacles et les boîtes de nuit de Kinshasa, offrant des perspectives musicales très encourageantes.

Franck Ambangito/L’Avenir

Source : Digitalcongo via Starducongo.com

Articles similaires

L’artiste Inorie Fotso revient en force avec Bicycle !

L’artiste Inorie Fotso revient en force avec Bicycle !

Délicieuses prémices à son nouvel album et idéale pour célébrer la fête de fin d'année , L'artiste Electro Pop Inorie Fotso, nous revient en force avec " Bicycle" ,un extrait de son album intitulé "Renaissance". Ce nouvel opus réunit tout ce que L'artiste "Inorie...

Koffi Olomidé : “Je veux être Président”

Koffi Olomidé : “Je veux être Président”

Le nouveau cru de Koffi Olomidé, ‘’13ème Apôtre’’, est dans les bacs depuis quelques semaines. Sur fond de polémiques, de mises au point et grosses révélations du Grand Mopao. A peine le nouvel album de Koffi Olomidé, ‘’13ème Apôtre’’, est-il sur le marché qu’il...