Tube de L’Année ou Tube de toutes les embrouilles ?

par | 24 février 2013 | Chroniques

La 6ème édition du concours «Tube de l’année» placée sous signe de «Hip Hop et solidarité» a consacré le rappeur du Sen Kumpë Books meilleur clip vidéo 2012 et élu meilleur tube de l’année 2012. Malheureusement c’est fréquent au Sénégal, tout projet ambitieux entrepris dans le domaine de la musique fini inexorablement par se transformer en un Awards cauchemardesque ou en Awards feu de paille (par exemple Sunu Music Awards).
En fait qu’est que les rappeurs reprochent à l’organisation du Tube de l‘Année ?
Nos Awards manquent de transparence, de logiques et de franc jeu. Ailleurs, les consécrations des artistes dans ce genre d’évènement se font de façonnette et limpide avec des règles claires bien établies et maitrisées par tout le monde ; que ça soit pour MTV Awards, BET Awards, NRJ Awards etc., les mécanismes de nomination et de récompensassions restent quasiment les mêmes.
Par exemple avec NRJ Awards les votes proviennent 100% du public et se déroulent ainsi : NRJ se réserve le droit de choisir cinq nommés dans chaque catégorie, puis les soumet au vote ; dans une première phase, sur six artistes pré-nominés, les internautes et fans constituent eux-mêmes une liste de quatre pour chaque catégorie ; dans une seconde phase ils votent pour leurs chanteurs préférés parmi les lauréats des nominations. Chaque fan ne peut voter qu’une seule fois par jour et par catégorie (vote par sms ou par internet).
Or dans notre cher Tube de l’Année, il règne un flou inexplicable sur le processus de nominations des artistes, valeur des votes du jury ? Les votes sms ? Et les votes au serveur vocal ? ; la question à se poser c’est : qui choisi le tube de l’année ? Est-ce le public par ses votes ?  Ne serait-ce pas plutôt le jury ? Une autre question qui démange encore avec de férocité : mais pourquoi est-ce qu’il y a ce désert aride d’informations ?
Tout ce que nous savons c’est que le dit Tube de l’Année est consacré par vote, et d’après  Fou Malade « le Sms coûte 350f, l’appel coûte 1500f » (source le Quotidien) ; donc ici on pourrait penser que c’est seulement les fans qui choisissent la chanson de l’année, mais non ! Parce qu’il y a un jury dont les votes compte également. Et sur quels critères s’est-on basé pour construire le jury ?
Ce qui a provoqué la frustration de Malal et du Bat’HaillonsBlinD c’est comme il le dit dans le quotidien : «Durant les semaines de vote, on donnait les tendances à chaque fin de semaine et Bat’ haillons Blin D était toujours en tête, et sur les Sms et sur les appels » ; et à leur grande surprise c’est Books de Sen Kumpa qui a été porté au pinacle. Quand bien même leur voix pèse sur la balance, toutefois il est indéniable que Books a dirigé la danse durant toute l’année dans le milieu Hip Hop avec pas mal de sons qui ont fait des tabacs, particulièrement ‘’Dou Gnoune Ak Yène’’ extrait de la mixtape ‘’New Era’’ etc. Mais pour trancher sur la question et dissiper toutes les suspicions de fraude et de complot, les résultats chiffrés devaient être communiqués au vue et su de tout le monde. Malheureusement les gens restent sur leur faim car  nous sommes obligés de nous contenter d’une mise au point  de Nicolas sur sa page facebook où il affirme que : c’est « JETMULTIMEDIAS qui a géré la plateforme voting et le cabinet maitre Diouf qui les a validés » et que ces derniers « sont disposés à apporter les preuves, ». Tout rabattre sur JetMultimédias ne résout pas la situation pour autant. Au lieu de ce vaudeville qu’on nous serve, pourquoi pas la finesse, l’humilité, l’honnête et la simplicité de lever les rideaux de JetMultimédias en communicant purement et de la plus belle des manières les résultats chiffrés à la même cérémonie de Sorano ? Que cherche t-on à dérober de notre vue ?
La réaction de Malal et clique serait-elle allée outre mesure ? On peut espérer qu’il est permis de penser qu’en bons gentlemen imbus de Fair Play et de la conscience NTS, ils auraient pu canaliser leur frustration, quoiqu’il faille avouer que leur plainte est justifiée, car c’est de façon abracadabrante qu’ils ont été surclassés.
Le comble ou l’aberration insoutenable c’est que, c’est un jury composéd’animateurs et de Dj qui a choisi le gagnant de la Vidéo de l’année ; mais avec quelle expertise ou avec quels critères ou avec quelles compétences ont-ils décidé que Mao feat Books avaient remporté la Clip de l’année ? Sur ce point, au Sénégal on a des réalisateurs reconnu qui devaient avoir voix au chapitre, par exemple Gélongal récemment récompensé au Kora Awards ou Mass Seck de Black Diamant encore. Ce sont des réalisateurs certifiés et reconnus au niveau continental, alors tout naturellement c’est à eux que devrait revenir le choix de la meilleure vidéo de l’année. Il faut rendre à César ce qui est à César, et aux réalisateurs ce qui leurs revient.
On pouvait deviner que tout ne tournait pas rond dès le boycott de certain nominé comme PPS. A cela, on peut adjoindre le fait les rappeurs étaient convoqués à Sorano pour de fréquentes répétitions sans aucune motivation financière, c’est avec leurs propres moyens qu’ils s’y déplaçaient. C’est donc à bon droit que les rappeurs se demandentoù est passé l’argent des votes ? Des publicités ? Et des sponsors ? Malal va plus loin en se en disant que les des parties y ont gagné de l’argent, « les organisateurs ont gagné, que Jet multimédias a gagné, que la radio a gagné. Et les artistes dans cette histoire ? ». En résumé, c’est comme si on a fait de l’argent sur le dos des nominés; gardons à l’esprit que les trophées à eux seuls ne nourrissent pas les rappeurs.
Nous avons essayer de joindre Nicolas au téléphone pour nous qu’il nous éclaire notre lanterne, mais nous nous sommes heurté à un mutisme assourdissant et dans cette période de polémique extrême, Nicolas nous apprend via sa page Facebook qu’il est : « quitte avec sa conscience ». Quoique cette Edition du Tube de l’Année  n’est pas arrivée à la hauteur des attentes, tout de même merci de continuer d’essayer.
Moustapha KORERA, Dakar Musique
[email protected]

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