La diva mandingue Mariétou Cissokho s’apprête à sortir son troisième album. Elle a organisé un point de presse lundi pour en faire l’annonce aux journalistes. Une occasion saisie par le « Témoin » pour échanger avec cette grande chanteuse. En trois questions, elle nous a fait part de ses projets et de ses ambitions mais surtout de ses griefs contre les employés du ministère de la Culture.
Le Témoin – Parlez nous de votre dernier album, Mariétou…
Mariétou Cissokho – Je viens de terminer l’enregistrement de mon troisième album. Pour cette fois, la principale innovation est que j’ai décidé de chanter sept titres en mode Mbalakh. Je suis consciente que c’est unemusiquetrèsprisée au Sénégal. Mais je reste et demeure une grande défenseuse de la culture Mandingue. En effet, c’est cettemusique que j’ai hérité de mes ancêtres et elle est celle que je maitrise le mieux. Mais par rapport au Mbalakh, il fallait réussir la jonction avec ce que je fais. C’est pourquoi j’ai appelé ce concept le « Mbalakh Bambara ». En effet, mon accent est toujours omniprésent dans mes chansons car c’est inné en moi. C’est juste pour faire plaisir aux fans que j’ai décidé de faire un peu plus de Mbalakh. Dans cet opus de seize titres qui sortira le 27 avril, j’aborde encore des thèmes de société.
Comment avez-vous produit ce disque ; autrement dit,travaillez-vous avec un producteur ?
Malheureusement, il n’est plus possible d’avoir un bon producteur ici. J’ai encore produit moi-même mon album comme pour les deuxprécédents. J’avis signé avec feu Mamadou Konté mais il est parti trot tôtavant de concrétiser ce projet. On se bat avec nos maigres moyens. C’est pour tout cela que j’interpelle le ministre de la Culture du Sénégal.
Que voulez-vous dire exactement ou que lui reprochez- vous concrètement ?
Nous savons tous que le ministre de la Culture est un homme bien. Mais, il serait temps qu’il se tourne vers les jeunes talents qu’il doit soutenir. Le soutien du ministère n’est pas effectif pour tout le monde. Seuls les artistes déjà connus en bénéficient, au détriment des autres qui ont même du mal à décrocher un rendez-vous avec lui. Et même quand cela se fait, il vous met en rapport avec quelqu’un de son cabinet qui devient injoignable et difficile à voir après. Des choses qui font vraiment mal et je dois dire que c’est une idée que partagent tous les artistes. Nous vivons tous le même problème. Il ya en vue des évènements et des festivals comme la Biennale de l’art africain contemporain qui se tiendra bientôt et le sommet de la Francophonie se profile. Il serait bon d’associer les artistes que nous sommes à ces évènements, au lieu de faire appel à d’autres qui ne sont pas d’ici. Ou encore de n’inviter que les artistes les plus connus et pas les jeunes talents. Cela est arrivé lors du Fesman et c’était dommage.
Propos recueillis par Fadel LO
Article paru dans « Le Témoin » N° 1160 –Hebdomadaire Sénégalais (AVRIL 2014)