Pour tous ces chanteurs, l’objectif est de vivre dans un monde juste et pacifique. Pour avoir utilisé l’unique arme dont ils disposaient, la musique, ils ont été neutralisés par les gouvernements. Car toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre. Avec cet album, sorti en mars dernier, ils peuvent s’exprimer sans crainte d’être contraints au silence.
Sur les six artistes africains sélectionnés, quatre ont été censurés par leurs gouvernements. Ainsi, Lapiro de Mbanga, un chanteur camerounais populaire, a critiqué ouvertement le président Paul Biya sur des réformes sociales. La sanction a été immédiate. Le musicien a écopé de 3 ans de prison et d’une amende de 640 000 $. Autre artiste qui a subi la loi des autorités, la Zimbabwéenne Chiwoniso Maraire qui a exprimé le manque de compétence, la corruption et le manque de liberté de parole croissante imposé par le Président Robert Mugabe. Suite à ces révélations, elle a été interrogée par la police. Le Soudanais Abazar Hamid se retrouve dans le même lot que ses collègues, mais a subi une censure en douceur. Il a soumis au gouvernement ses musiques de paix et d’amour. Le pouvoir soudanais ne lui a accordé que l’amour. Quant à l’algérienne Aziza Brahim, elle évoque dans ses chansons l’exil, le droit à la liberté, les droits de l’homme et rappelle des faits gênants sur le conflit du Sahara occidental. Ses morceaux ont été censurés par les autorités marocaines et algériennes, deux pays concernés par ce contentieux.
La Côte d’Ivoire est représentée par deux artistes, Tiken Jah Fakoly et Fadal Dey, qui ont choisi l’exil pour chanter leurs vérités. Le plus célèbre d’entre eux, Tiken Jah Fakoly, évoque la corruption politique dans son pays, avec la chanson Quitte le pouvoir, et critique aussi le manque de démocratie du président sénégalais Abdoulaye Wade. Lors de la crise politique en Côte d’ivoire, Tiken Jah Fakoly a dû rejoindre le Mali en 2003 pour éviter la mort. Son collègue Fadal Dey, moins célèbre, demande plus de démocratie en Afrique et qu’avance la lutte contre la piraterie. Ces artistes utilisent la musique pour réveiller les consciences, détruire la corruption et la dictature.
Le projet a été monté par Freemuse, une organisation internationale de défense de la libre expression musicale, et Deeyah, une musicienne norvégienne d’origine pakistanaise. Cette dernière, après avoir connu des années de harcèlement pour avoir voulu faire de la musique son métier, se consacre désormais à faire avancer la liberté d’expression dans le monde. Grâce au site du projet, Youtube, Facebook, et Twitter, les informations et l’actualité des artistes mis en avant dans l’album Listen to the Banned sont disponibles en temps réel.
Source : Afrik.com via Maliweb.net