Nadia «J’ai été habituée à la musique très tôt par mon père, qui est pour moi comme une encyclopédie de la chanson. »

par | 10 août 2009 | Interviews

Animatrice à la station radio Nostalgie FM de Dakar, Nadia DIA est native de la région de Kaolack. Ayant grandi par ailleurs dans le sud du Sénégal notamment en Casamance, elle parle plusieurs dialectes du Pays, ce qui fait d’elle une femme à la dimension réellement multiculturelle. Dès son enfance, elle est attirée par des genres musicaux allant du rock au jazz en passant par la pop. L’histoire des grands musiciens, comme Mozart, que son père lui racontait, piqua sa curiosité et alimenta la passion qui l’amènera à l’animation. Elle se fera découvrir du grand public par l’intermédiaire du présentateur Khalil GUEYE, qui travaillait à l’époque à la radio Nostalgie de Dakar. Loin de ne regarder l’animation que comme un gagne-pain, elle considère l’animation comme un culte …

Dakar Musique : Pour commencer cette interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
C’est très difficile de parler de soi. Je m’appelle Nadia DIA, je suis née à Kaolack. Et quiconque connaît cette région connaît ou du moins entend le nom de mon grand-père : Thiéma COULIBALY. A l’âge de sept ans, mes parents et moi avons déménagé en Casamance. Je suis restée dans la région Sud du pays jusqu’en classe de 5ème au Collège René COLY avant de venir m’installer à Dakar avec ma famille. Ce que je retiens de la Casamance c’est le calme et la paix qui y régnait. Il n’y a jamais eu de problème entre les différentes ethnies de la région. Hélas ! Avec le début de la rébellion, dans les années 90, il était conseillé aux nordistes, c’est-à-dire à tous ceux qui ne sont pas de la Casamance, de la quitter. C’était pour notre sécurité. Voilà. Donc, depuis cette période j’habite à Dakar.

Dakar Musique : Quelles sont les personnes qui vous ont poussé à faire de l’animation ?
Ce sont mes parents qui m’ont le plus influencée et particulièrement mon père. J’ai été habituée à la musique très tôt par mon père, qui est pour moi comme une encyclopédie de la chanson.
Mon père a toujours considéré que l’on ne peut réveiller une personne brusquement sous peine de la traumatiser, il a donc toujours eu la douceur de nous réveiller avec de la musique. Mon environnement familial était tel que la musique faisait partie de notre vie quotidienne. J’en ai pleinement profité, car la curiosité me poussait à poser d’incessantes questions à mon père sur l’histoire des musiciens et j’enregistrais toutes les réponses dans mon journal intime. C’est ainsi que j’ai intégré la musique à ma vie et ma participation téléphonique dans une émission qu’animait Khalil GUEYE, sera l’élément déclencheur de ma passion. J’ai appelé à l’antenne pour participer à l’émission KG et Compagnie, et Khalil qui m’annonça comme leur « plus jeune auditrice » m’invita la semaine d’après. Je dois dire que depuis ce vendredi de la fin de l’année 1999, je n’ai jamais quitté la radio Nostalgie.

 

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Dakar Musique : Avez-vous suivi des études pour devenir animatrice ?
Il n’y a pas de diplôme en animation au Sénégal. Je dirai que l’animation c’est le don, le génie, le talent avec lequel on fait évoluer son propre style. Nous sortons tous du ghetto, et même si certains ont des diplômes c’est dans d’autres domaines qu’ils les ont obtenus. Tout le monde ne peut pas devenir animateur, si vous voulez à la base, c’est un peu comme être clown : il faut nécessairement un don pour distraire les auditeurs et être capable de les comprendre. Notre reconnaissance doit aller tout autant aux auditeurs qu’à l’endroit des musiciens qui me donnent de la matière à traiter. Il m’incombe aussi de faire des recherches sur les sujets que je traite. J’ai toujours considéré qu’il faut mériter les sacrifices et les prières que les gens que ce soit la famille, les amis, ou les collègues font pour nous tous les jours.

Dakar Musique : Avez-vous eu d’autres expériences en radio ?
La radio Nostalgie, c’est ma première famille et ma première radio. J’ai cependant animé une émission nommée « Sixties » à la 2STV de 2006 à 2008.

Dakar Musique : Quel est le plus difficile entre animer une émission télévisée et une émission à la radio ?
Pour moi c’est pareil dans la mesure où il s’agit de la même passion. Seulement la télé est un peu plus délicate en ce sens que les gens jugent la tenue vestimentaire, je ne dirai pas qu’à la radio je ne soigne pas mon look mais je le fais davantage à la télé. Les téléspectateurs observent les fautes ce qui implique beaucoup de recherches sur les anecdotes que nous allons raconter sur les morceaux que l’on passe. Etant donné que j’animais une émission un peu « vieillotte », il me fallait être très vigilante : un jour, un vieillard m’aborda pour me dire que j’étais leur héritière, à présent. J’étais aussi contente qu’effrayée par cette idée, parce qu’il n’est pas facile de porter autant d’espoir – c’est une grande responsabilité.

Dakar Musique : Peut-on connaître les raisons de l’arrêt de l’émission « Sixties » ?
Il s’agit d’un problème personnel. J’observe un temps d’arrêt afin de partir voir l’Europe. Vous savez nous avons eu un retard de dix années-lumière avec l’arrivée de la bande FM en Afrique. Et je regrette d’avoir à le dire, mais c’est ce qui est en train de nous arriver avec la télévision.

Dakar Musique : Quels sont vos goûts musicaux ?

J’aime la musique douce et romantique. J’aime également la musique française, le R&B, le Rock’n’Roll et la Soul musique qui est la mère de toutes les musiques. Pour résumer je suis une mélomane à part entière.

Dakar Musique : Comment se présente la journée-type d’une animatrice ?

Je peux dire d’abord qu’au réveil sans mon café, je suis invivable. Après l’avoir pris, je m’adonne à quelques travaux ménagers avant de filer à la radio où je passe la plupart de mon temps. Je sors très rarement sauf si c’est le groupe Daara-j qui joue ou les grandes stars internationales. Par ailleurs il n’’a qu’une seule place libre en dehors de mes centres d’intérêt (musique, écriture et lecture) et elle est occupée par ma sœur et amie Aziza. Parfois, j’ai envie de fainéanter et de rester avec mes frères et mon père. J’aime la compagnie de mon père si bien que j’ai été prise pour sa petite amie une fois par des connaissances. En effet l’un des avantages de la radio c’est le côté nébuleux qu’elle offre à notre vie privée, et comme j’ai l’habitude de le dire au Sénégal : moins on en sait sur toi, mieux c’est.

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Dakar Musique : À quoi pensez-vous avant de prendre l’antenne ?
Je pense à un rire et j’imagine le sourire qui me manque le plus. Je pense surtout à l’homme que j’aime.

Dakar Musique : L’animation est-ce votre métier ou votre passion ?
Je considère que c’est ma passion. Mon salaire c’est plutôt les autres. Aucun d’entre nous ne pourrait survivre avec notre seul salaire, mais il se trouve toujours une main secourable, c’est peut-être celle de Dieu, mais elle vient toujours. Ma grande fortune ce sont les autres. A chaque fois que j’ai l’impression de partager ma passion avec les gens je me sens très riche. C’est cette même raison qui me pousse à aller souvent à l’hôpital pour voir les malades mentaux, voir les aliénés, car nous sommes tous fous de quelque chose. Pour citer l’autre je dirai que « Les fous n’y sont pas ».

Dakar Musique : Quelle émission rêveriez-vous d’animer ?
J’aimerais animer un grand plateau télévisé avec des penseurs afin de parler d’art. Nous discuterions des faits sociaux pour apporter des éléments de réponse aux maux qui gangrènent notre société. Peu importe qui a tort ou raison, l’essentiel c’est de constater le mal et de le guérir. Si l’on retient les enseignements du Coran, on se rendra compte à quel point nous sommes égoïstes. Nous verrons aussi que nous ne respectons pas assez la religion qui nous dicte notre ligne de conduite – ne pas s’adonner au vol par exemple, partager ses biens avec sa famille et ses voisins, saluer son prochain etc… Et je pense également on en arrivera à notre auto-éducation qui est de regarder l’exemple des occidentaux qui font un tri sélectif de leurs déchets afin de pouvoir les recycler. J’aime qu’on respecte son prochain car comme disait Jimi HENDRIX « Farther you will rise, your fall will be rougher » autrement dit « Plus haut tu monteras, plus dure sera la chute».

Dakar Musique : Une conclusion pour terminer cette interview ?
Je dis tout simplement qu’on arrête de se prendre la tête. Que l’on soit diplômé des meilleures universités du monde et que l’on ait une maîtrise ou un doctorat, ce qui importe c’est de bien faire son travail. Il faut être en mesure d’élucider les messages des chanteurs afin de ramener les auditeurs à la raison via certains textes. J’invite tout le monde au respect des codes et des règles moraux afin de rester humain et de servir notre pays.

Ndeye Mané TOURE

Emissions de Nadia sur Nostalgie Dakar 90.3

Génération FM
15H 18H Lundi au Vendredi

Dédicaces
13H 16H Samedi

 

NADIA RADIO NOSTALGIE DAKAR

 


 

 

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Crédits Photos Nadia
 

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