Miriam Makeba dite Mama Afrika, de son vrai nom Zenzile Makeba Qgwashu Nguvama était née le 4 mars 1932 à Johannesburg. Décédée le lundi 10 novembre 2008, à l’âge de 76 ans, à Naples des suites d’un malaise à l’issue d’un concert de soutien à l’auteur de « Gomora », traqué par la Mafia, Roberto Saviano, cette icône de la musique africaine reste toujours vivante dans les esprits et les bacs.
Zenzi, diminutif d’Uzenzile qui signifie, Tu ne dois t’en prendre qu’à toi-même, a commencé son destin en prison. Elle n’avait que quelques jours lorsque sa mère est inculpée durant six mois pour avoir fabriqué de la bière afin de subvenir aux besoins de sa famille. Son père meurt lorsqu’elle n’a que cinq ans. En 1947, les nationalistes afrikaners gagnent les élections et plongent le peuple noir d’Afrique du Sud dans l’arbitraire et la violence. C’est le début de l’apartheid. À 20 ans, Zenzi Makeba, bonne d’enfants puis laveuse de taxis, vit seule avec sa petite fille Bongi et sa mère. C’est là qu’elle commence à chanter, presque par hasard, avec les Cuban Brothers, puis devient choriste du groupe Manhattan Brothers, en 1952, qui lui donne son nom de scène, Miriam. Si elle devient très rapidement une vedette, elle se sert de son nouveau métier pour dénoncer le régime de l’apartheid. En 1956, elle écrit son plus grand succès, la chanson Pata Pata, avec laquelle elle fait le tour du monde. En 1959, elle est contrainte à un exil qui durera 31 ans, en raison de son apparition dans le film anti-apartheid Come Back Africa du cinéaste américain Lionel Rogosin. Lorsque sa mère meure en 1960, elle ne peut assister à ses obsèques, du fait de son interdiction de séjour en Afrique du Sud.
Miriam Makeba ne reviendra en Afrique du Sud qu’à la libération de Nelson Mandela, emprisonné avec la plupart des dirigeants du Congrès National Africain (ANC) au pénitencier de Robben Island. Elle ne cessera de prononcer des discours anti-apartheid et d’appeler au boycott de l’Afrique du Sud devant les Nations Unies. Elle chantait en zoulou, en zhoxa, en tswana. Ses mélodies chantent la tolérance et la paix. Elle était devenue le symbole de la lutte anti-apartheid. Dans ses chansons, pas d’amertume mais une dignité à toute épreuve. En 1966, Makeba a reçu un Grammy Award pour son disque An evening with Harry Belafonte and Miriam Makeba et devient la première Sud-Africaine à obtenir cette récompense. En 1985, sa fille Bongi décède en Guinée des suites d’un accouchement. En 1987 Miriam Makeba rencontre à nouveau le succès grâce à sa collaboration avec Paul Simon dans l’album Graceland. Peu après, elle publie son autobiographie Makeba: My Story. Son mariage en 1969 avec le militant des droits civils afro-américain Stokely Carmichael, chef des Black Panthers, lui cause des ennuis aux États-Unis. Elle s’exile à nouveau et s’installe en Guinée.
Miriam Makeba a été décorée par la France au titre de Commandeur des Arts et Lettres en 1985 et devint Citoyenne d’Honneur 1990. En 1990, Nelson Mandela la persuade de rentrer en Afrique du Sud. En 1992, elle interprète le rôle de la mère (Angelina) dans le film Sarafina qui raconte les émeutes de Soweto en 1976. En 2002, elle partage le Polar Music Prize avec Sofia Gubaidulina. Miriam Makeba avait toujours rêvé d’une grande Afrique unie. Pour son pays, elle exhortait ses frères noirs au pardon. Il faut nous laisser grandir. Les Noirs et les Blancs doivent apprendre à se connaître, à vivre ensemble Plaidait-elle. Elle avait annoncé en 2005 qu’elle mettait fin à sa carrière, mais elle continuait à défendre les causes auxquelles elle croyait. Et comme on le dit, un artiste ne meure jamais. Ses œuvres et ses idéaux demeurent vivants et servent de repères à la jeune génération.
Par Ariane Nkoma
Source : Journalducameroun.com