Mame Goor Diazaka : « Je n’ai pas de problèmes avec Abou Thioubalo»

par | 19 janvier 2010 | Interviews

Mame Goor Mboup est son vrai nom. Cet artiste aux longs dreadlocks né à Rufisque fait un Mbalax de style Baye Fall que les sénégalais aiment bien. Il vient de sortir son septième album et  a accepté de nous accueillir dans le cadre chaleureux de son appartement aux Maristes pour nous parler un peu de sa musique et de sa vie d’artiste !

 

Mame Goor n’est plus un artiste que l’on présente au Sénégal mais quelle place crois-tu occuper dans l’espace musical sénégalais ?
Je fais de la musique mais avec un style particulier parce que j’y associe des sonorités « Baye Fall ». Le « khiin » y est toujours et c’est ce qui fait la spécificité de la musique de Mame Goor. C’est aussi  ce qui me différencie des autres. Je fais de la musique depuis dix ans et je joue quatre fois dans la semaine. Je fais aussi des tournées un peu partout et les gens apprécient ce que je fais. Il m’arrive quelques fois aussi de faire de l’acoustique, du reggae etc.  Il faut aussi noter que le style «baye Fall » n’existe qu’au Sénégal  et on en récolte quelque chose si on l’exploite. Ce style est pour me démarquer des autres. Je n’imite personne et on pense tout de suite à moi quand on entend les mélodies de mes chansons.

Ton parcours musical est un peu particulier. Tu es parti du statut de manager d’un groupe de RAP pour arriver au statut de chanteur de Mbalax. Comment s’est fait la transition ?
La musique n’a pas de langue, ce sont les mélodies qui touchent le cœur des mélomanes. Je suis issu d’une famille de chanteurs, ma mère chantait et ma tante Soda Mama Fall aussi. Alors je n’ai pas failli à la règle. J’étais manager du groupe Bamba J Fall mais je chantais aussi sur les refrains et participais à l’élaboration des textes bien que c’était le groupe qu’on voyait lors des concerts. Ma famille me demandait souvent pourquoi ne pas me lancer dans une carrière solo vue que je chantais bien mais je ne voulais pas faire de l’ombre à mon métier de manager. J’ai alors laissé passer. J’ai pris la résolution de créer un groupe deux ans après l’éclatement du groupe Bambi J Fall puisque j’avais un talent caché à faire découvrir. Mais je n’ai pas fait du RAP quand je suis venue. Ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est que le groupe Bamba J Fall ne faisait pas de RAP. Il avait un style métissé. Moi aussi, j’ai apporté ma particularité dans le milieu du Mbalax. J’ai vendu mon premier album «diazaka» à 80 000 exemplaires (Machallah), un album que les sénégalais avaient vite adopté.

Comment vis-tu ton succès à Rufisque ?
Pour faire durer le succès, il faut le démystifier mais ca ne veut pas dire être indiscipliné, tu vois ? Je suis Baye Fall (tirant sur ces dreadlocks) et donc une personne très simple. Je n’ai pas de gardiens devant ma maison encore moins de garde du corps. Mais ca ne m’empêche pas d’avoir du caractère. Je suis né à Rufisque et tout ce que j’ai de plus cher y est. Ma femme, ma famille …tout ! Le problème c’est qu’il n y a pas de télévisions, pas de radios et pas de grandes boites de nuit à Rufisque. Je ne pouvais donc pas y faire la promotion de mes albums et il m’arrivait d’être en retard lorsque des télévisions ou des radios de Dakar m’invitaient dans des émissions. C’est pour cela que j’avais décidé de me rapprocher de la capitale. Malheureusement, certains Rufisquois ne l’ont pas vu du bon œil. Je suis encore incompris par certains qui croient que j’ai renoncé à mon statut de Rufisquois maintenant que je suis célèbre. Ce n’est pas le cas ! J’aime Rufisque, j’ai d’ailleurs chanté cette ville à travers le monde. Mais c’est dommage, ils m’en veulent alors que j’ai juste voulu être plus disponible. Je ne représente pourtant pas Dakar lors de mes tournées internationales, mais Rufisque bien que j’aime la capitale nak (rire).

 

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Quelles sont vos relations avec les autres artistes ?
De bonnes relations (sourire), ce sont pour la plupart des parents, proches ou éloignés. Sinon je considère les autres comme des frères et sœurs. J’invite toujours d’autres artistes lors de mes soirées dans les boites de nuit. Vraiment, il n y a rien à dire là-dessus.

Il parait qu’Abou Thioubalo a débauché ton claviste, est ce que tu lui en veux ?
Non, non ! Ce n’est pas vrai ! Vous savez, personne n’est indispensable dans  la vie. Abou Thioubalo est mon petit frère. Il faisait la première partie de mes soirées au KOCC B deux ans durant.  Il chantait, en ces temps là, des chansons de Ndongo LO. Mon claviste m’avait demandé l’autorisation de jouer pour Abou Thioubalo quand je n’avais pas besoin de lui et j’étais d’accord. Mais il est arrivé qu’il parte en tournée un week-end entier avec Abou Thioubalo alors que je devais jouer. J’ai alors pris l’initiative de le libérer. Je lui ai demandé de rester jouer pour ce nouveau talent qui avait besoin d’aide. Les musiciens ne quittent pas mon groupe volontairement parce que je les paie gracieusement.  Je produits moi même mes albums, grâce à Dieu. Les membres de mon orchestre peuvent toucher jusqu’à 70 000 francs par semaine parce que je joue fréquemment. Il n’est pas parti, je l’ai libéré. Je n’ai pas de problèmes avec Abou Thioubalo et je ne lui en veux pas ! (que ca soit claire). Le monde est trop petit pour se prendre avec tel ou tel pour ces futilités. La vie n’en vaut pas la peine. Seul Dieu est puissant.

Qu’est ce qui t’inspire dans le choix de tes thèmes?
Je chante souvent les difficultés de la population parce que je vis la même situation. J’ai une famille à nourrir et des charges. Il faut certes une belle voix pour percer dans la musique je l’admets, mais il faut aussi des textes riches.

N’avais-tu pas peur de représailles ?
On ne meurt pas deux fois. Je ne crains rien. Je suis mince, certes mais je n’ai peur de rien (éclats de rire). Je m’inspire de ce qui m’entoure pour rédiger mes textes. C’est le cas aussi du morceau « chérie » qui est un hommage à ma femme mais aussi aux femmes du monde. C’est une leçon également aux épouses de célébrités qui soutiennent leurs maris. Ma femme est très correcte elle est exemplaire. Elle ne fait pas partie de celles qui battent leurs maris (éclats de rire).
Ne comptes pas prendre une deuxième épouse ?
Je veux faire de toi ma deuxième femme (rire), non mais ma femme a du mérite, sincèrement et sa discipline qui lui vaut cette reconnaissance de ma part.

Pourquoi les dreadlocks Mame Goor ?
Mes dreadlocks ont 17ans et ma carrière 10 ans (rire en secouant les dreadlocks) alors tu vois ? C’est une longue histoire. C’est mon identité Baye Fall.

Ton mot de la fin ?
Eh bien, mon 7e album est sur le marché je le présente aux fans. Qu’ils en profitent. Je remercie aussi l’équipe de Dakar-musique. Je souhaite une bonne et heureuse année à tous et prie pour que ce qui est arrivé à Haïti n’arrive plus jamais. Dia dieuff waay !

B.S.

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