Penons cet enfant afro-américain, né en 1901, qui passe son enfance dans un quartier défavorisé de la Nouvelle-Orléans. A l’âge de sept ans alors qu’il vit misérablement avec sa mère et sa sœur, il trouve du travail dans une famille de brocanteurs – des immigrants juifs russes presque aussi pauvres que sa propre famille. « Ils m’ont toujours témoigné chaleur et gentillesse », écrit-il par la suite. « En fait, ils l’ont pratiquement adopté », note l’un de ses biographes. Le gamin installé sur la carriole chargée de bric-à-brac soufflait dans une petite trompe en fer blanc pour attirer le chaland.
Comme il devait l’écrire plus tard : « un jour alors que j’étais dans la carriole avec Morris Karnovsky ¬[…] nous sommes passés devant une boutique de prêt sur gage qui avait dans la vitrine un vieux cornet a piston en si bémol, terni et cabossé. Il coutait que 5 dollars. Morris m’en avancé 2, à valoir sur mon salaire. Et j’ai économisé 50 cents sur ma modeste paie, et j’ai fini par payer intégralement mon cornet. Jamais garçon ne fut plus heureux.
Ce garçon s’appelait Louis Armstrong. Il allait donner au monde le Jazz.
La musique populaire américaine est le fruit commun d’innombrables Louis Armstrong, habités corps et âme par la musique. Elle embrasse un éventail sans pareil d’expériences humaines depuis peines de cœur – Frank Sinatra pleurant un amour perdu « in the wee small hours of the morning » – à la contestation politique du groupe Country Joe and The Fish exécutant « I Feel Like I’m Fixin’ To Die Rag ». Certains rythmes précipitent les couples sur la piste de danse, pour un twist ou un jitterbug, un hustle ou un tango.Les paroliers évoquent les muses de façon si vivante que l’on pourrait croire à leur existence réelle : la Caroline des Beach Boys, la Maybllene de Chuck Berry, l’ « Absolutely Sweet Marie » de Bob Dylan, ou le « Chuck E. » de Rickie Lee Jones. Et parfois, ce qui fait battre votre cœur, ce n’est pas la fille évoquée dans la chanson, mais celle avec laquelle vous l’avez entendue pour la première fois, il y a bien longtemps.
« Sans la musique, la vie serait une erreur », a écrit le philosophe allemand Friedrich Nietzsche. Vous rencontrerez ici nombre de visionnaires qui approuveraient cette pensée.
Source: Larry Starr & Christopher Waterman. La musique populaire américaine.
Moustapha KOREA, Dakarmusique.com