LËK SEN : « Les gens célèbrent Bob Marley dans l’ivresse au lieu de s’appesantir sur le spirit qu’il enseignait »

par | 10 mai 2014 | Interviews

LekSen est un artiste qui œuvre dans la musique reggae, dont la croisière farouche qu’il mène contre la pensée d’esclave des africains le rend tout particulier comme chanteur. Les recettes de son album « Hope In Afreeca » participeront à la création d’une école de musique et internat pour les enfants de la rue dans son village natal Ngor. Evoluant en France mais de passage au Sénégal, il est venu propager sa vibe à dakarmusique.com, où au cours d’une interview il se prononce sur plusieurs points. Entretien.

Dakarmusique.com : pourquoi le nom de scène LekSen ?
Mon nom de famille c’est Sène, on a coutume au Sénégal, quand on porte ce nom, d’être surnommé automatiquement « Lek (lièvre) », c’est un nom que me donnait ma grand-mère, et j’ai su le porter naturellement.

Dakarmusique.com : LekSen et la musique ?
La musique, c’est ma manière à moi de faire ma guerre, c’est-à-dire de me battre, je ne fais pas de la musique pour la faire, mais je la fais pour mes frères, et là je parle des africains. Ainsi je continue le rêve de Marcus Garvey, c’est l’éveil sinon le réveil des africains, qu’ils puissent avoir une mentalité qui puisse faire évoluer le continent. Ce c’est genre de musique que je fais, « A warrior music me i do (je fais une musique de guerrier) ».

Dakarmusique.com : comment la vibe a pris le dessus chez vous sur la panoplie de musiques qui existe ?
Moi, je suis rasta, même si c’est quelque que je vis, je suis un soldat de Empary Iley Sellassie i Jah Rastafari ; parce que c’est des vibes qui me touchent, qui me parlent, c’est le fait d’être humble, à chercher à être petit, chercher à être modeste, c’est cette vie que j’ai et que je recherche. Par ailleurs nous sommes africains, Sellassie est éthiopien, il s’est battu pour notre dignité, ma musique en gros, on pourrait dire que je suis engagé aux cotés des panafricanistes. Je parle aux Black Man, c’est à lui de briser ses liens qui le maintiennent en esclavage.

Dakarmusique.com : parlez nous de votre album « Hope In Afreeca » dont les recettes devraient servir à ouvrir une école de musique et une maison pour recueillir les enfants de la rue
C’est un album que j’ai réalisé avec mon groupe « I & I Family » et avec plein de gens qui sont venus participer au projet. Ce projet a pour but de récupérer les enfants de la rue et de les recaser, dans la création d’une école de musique dans mon village à Ngor, cette école servira aussi d’internat. C’est une chose horrible que voir des enfants dans les rues et on allègue l’apprentissage du Coran pour justification. Mon combat, c’est de montrer que les sénégalais ne sont pas dans le bon chemin en cette matière, nous l’avons assumé aujourd’hui, mais nous devrions en avoir honte.

Dakarmusique.com : en perspective vous sortez un nouvel « Jamdong ».
Jamdong déjà parce que nous avons besoin de la paix. Je n’ai pas la tête de quelqu’un qui aime la paix, mais en fait je l’adore, dans le sens où je me bats pour ça dans le monde, surtout en Afrique. Et personnellement, par rapport à mon histoire musicale, il y a beaucoup des personnes qui ont essayé de me mettre des bâtons dans les roues, je veux leur dire « Jamdong (la paix seulement) ».

Dakarmusique.com : on arrive au 11 mai, qu’est-ce que cela symbolise pour vous ?
Bob Marley ! Bob Marley c’est notre père, le père de tous les reggaeman. Les gens célèbrent Bob Marley dans l’ivresse au lieu de s’appesantir sur le spirit qu’il enseignait. La musique reggae est différente cette musique malade des reggae parties, où on ne fume que des pétards.

Dakarmusique.com : un message à lancer ?
Arrêtons les mensonges, nous devons nous défaire de notre pensée d’esclave, car nous sommes les premiers mais nous nous complaisons à être bons derniers.

Par Moustapha KORERA, DAKARMUSIQUE.COM
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