JOJO de YAT FU « Ce qui se passe maintenant est loin d’être du clash, c’est un manque de respect. »

par | 8 février 2010 | Rap Galsen

Jojo n’est personne d’autre que le membre fondateur du groupe YAT FU (qui existe toujours). Très à cheval sur les principes, cet homme au sourire énigmatique n’aime pas parler de lui encore moins de sa vie privée. Il lui arrive de déconner mais pas tout le temps, Jo est de nature calme, la plupart du temps. Il est remonté contre tous ceux qui ne savent pas faire la part des choses. Ce qu’il aime, c’est le hip hop mais cette passion n’est pas un frein pour tenter de nouvelles expériences, de visiter d’autres horizons pour découvrir de nouvelles choses.

Dakarmusique.com : Comment te présenterais-tu ?
Je me présente comme un activiste du hip hop sénégalais

qui a été là à ses débuts, comme un précurseur. Un pionnier qui a bataillé pour répandre la culture hip hop au Sénégal et qui continue à livrer cette bataille pour que ca puisse perdurer et se professionnaliser. Pour que le hip hop soit mieux compris aussi. On a acquis du respect avec le temps parce que c’est une culture venue d’ailleurs et qu’on a réussi à intégrer dans nos mœurs, dans nos valeurs, … dans les foyers! Le hip hop est devenu universel. C’est une culture qui veut la paix, l’unité, l’amour entre frères et sœurs sans distinction de races ou de confessions religieuses. Le hip hop est un état d’esprit.

Dakarmusique.com : D’où vient ton surnom ?
Je m’appelle Joseph, mon vrai nom. On m’appelait petit Joe quand j’étais encore gamin. J’ai doublé le Jo au moment de choisir un pseudo pour symboliser une renaissance spirituelle mais aussi pour montrer que j’ai acquis en maturité avec les années. Il ya le Joe que tout le monde voyait et l’autre qui était invisible et que je laisse parlé maintenant !

Dakarmusique.com : Tu faisais parti d’un groupe nommé YATFU, est ce que le groupe existe toujours ?
(Rire) Au Sénégal, on dit qu’un groupe est mort si on ne le voit pas sur scène. Non, non ! On est toujours là, le groupe existe toujours. Il y avait beaucoup de membres au début mais, maintenant, il ne reste plus que drygun, gofu et moi. Il y a parfois un DJ qui est derrière, Mat. Big D n’est plus membre du groupe mais il sera dans les prochains projets de YATFU. C’est vrai qu’on a été longtemps absent de la scène médiatique mais c’est parce qu’on n’est pas dans la dynamique de l’empressement. On y va lentement mais surement, avec le cœur et l’esprit. On a est des témoins de notre génération et on sait comment ca se passe. On attend juste le moment opportun pour sortir le produit sur le marché pour retrouver toutes les émotions qu’on a emmagasiné. Peu importe le temps ! On ne subit aucunes pressions.  On prépare le produit depuis plus de 4ans et ca commence à se peaufiner. Il sera peut être sur le marché avant la fin de l’année.

Dakarmusique.com : Pourquoi n’as-tu pas suivi une carrière solo après ce long silence ?
L’individualisme n’a jamais été une solution pour moi. Je crois que nous sommes complémentaires dans ce monde alors je n’ai pas voulu suivre une carrière solo après ce long silence. J’ai de quoi faire une carrière solo, chaque membre du groupe l’a d’ailleurs. Ils en ont dans leur tête. Chaque personnalité de YATFU qui parle peut représenter un Awadi, un Simon, un quelconque rappeur ou le rap sénégalais tout court. Grouper nos idées  et nos actions et surtout bien les organiser est plus important que tout.

Dakarmusique.com : Que signifie YATFU ?
Le choix est venu naturellement. Chacun de nous avait déjà de l’expérience avant de rejoindre le groupe. C’était une idée commune parce que chacun de nous a reçu un poids, un lég éducationnel  lourd  on se devait de proposer des visions. Un YATFU est un esprit éducateur. Il y a le YAT qui symbolise  l’éducation en wolof et le FU qui est un esprit majeur  dans le FA dans l’astrologie africaine. Le FU est le 12ème esprit des 16 majeurs, il représente l’esprit entre le bien et le mal qui est l’équilibre. YATFU cherche la justesse, le milieu dans l’éducation de sorte qu’on puisse canaliser les émotions pour qu’on ait demain l’équilibre qu’il faut pour vivre en société.

Dakarmusique.com : Quelle particularité YATFU a-t-il apporté dans le rap Galsen ?
Eh bien !  Au début, les sénégalais nous trouvait trop durs. Il y avait un rap édulcoré par 3 styles classique et nous avons voulu faire voir les choses autrement. C’était peut être un peu cru, un peu virulent mais pas violent. On faisait voir la vérité d’une manière très hardcore. Donc notre part à la chose a été ce style HARDCORE dans le rap sénégalais

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Dakarmusique.com : Il y avait des clashs en ces temps là ?
On faisait du clash entre les membres du groupe pour s’évaluer lors des répétitions mais c’était juste pour rire. ça ne sortait jamais de ce cadre parce qu’on croirait que tu voulais tailler l’autre groupe. Ce n’était pas très connu. On faisait du free style dés fois mais ce n’était pas courant.  Le hip hop a quitté l’esprit de rue, le coté négatif pour rejoindre le coté positif. Le clash est de nos jours courant. C’est normal qu’on en arrive là, on a eu tort de laisser passer certaines choses parce qu’on n’a pas assez communiqué sur le clash. Ce qui de passe maintenant est loin d’être du clash, c’est un manque de respect(DISSING) de parler de la vie du rappeur et de sa famille. Le rap a un coté contestataire mais le clash est tout un art. Il faut poser des jalons pour limiter cela c’est un GAME RESPECT cela nous permet surtout dans les  BATTLES de nous évaluer. Heureusement, on a été là quand le hip hop est né aux states et dans tous les continents. Il n’y a pas de violence dans le rap. Il y a certes une virulence verbale et peut être même une incompréhension (de certains rappeurs) mais il ne faudrait pas interpréter la fougue d’un rappeur passionné comme de la violence. Des incidents existent partout (navétanes, lutte, etc.) mais c’est comme si ca n’existait que dans le rap. Il faut arrêter de parler négativement du rap. On est entrain de vivre une mutation sociale. Les sénégalais ont changé parce qu’ils sont frustrés, et sont prisonnier dans l’étau de la crise sociale et beaucoup d’autres choses comme l’avènement des NTICS et le phénomène de la Mondialisation qui influent  sur leur vies de chaque jour   . On a une nouvelle façon de penser et une nouvelle jeunesse qui a ses valeurs. L’éthique d’antan, la patience, la tolérance ou le respect sont devenues rares chez les personnes et même pire des contre valeurs. Je sais où tu veux en venir mais ce qui s’est passé lors des 72h m’a fait mal comme tout le monde. ca m’a fait mal de voir un frère subir cela sur la scène qui est sacrée pour moi, c’est comme une mosquée ou une église. Je ne peux pas le cautionner mais j’en reste là. Ce n’était qu’un évènement mineur pour moi. Le hip hop a apporté beaucoup de bonnes choses au peuple et c’est ce qui importe. Il ne faut pas s’éterniser sur de petits détails. Des rappeurs ont créé des SARL, des associations qui rapportent et personne n’en parle mais quand il y a une pierre jetée, tout le monde en parle pour faire du sensationnel (les journalistes) mais le bilan des 72H a été très positif

Dakarmusique.com : Quelles relations as-tu avec les autres rappeurs ?
Écoutes, nous ne sommes pas dans un village de schtroumpfs où tout le monde se dit « je t’aime, moi non plus ». Il peut y avoir de l’antipathie entre deux rappeurs parce qu’ils ne se connaissent pas ou qu’ils ne partagent pas les mêmes idées mais on gère cela. Je respecte mes confrères rappeurs, je respecte toutes les personnes sur cette terre et j’ai beaucoup de considération pour tous. Les rapports humains sont très complexe mais faut faire la part des choses .On peut détester une personne parce qu’on  ne le connaît pas ou parce que sa façon de faire ne nous plait pas. C’est la nature humaine et on apprécie facilement une personne si on prend le temps de lui parler, de l’écouter. L’importance, c’est de voir ce qu’on peut apporter à la société. Il faut reconstruire le Sénégal et on ne doit pas laisser le système nous endormir.

Dakarmusique.com : Comment vis-tu ton statut de rappeurs dans ton quartier ?
Je ne vis même pas avec un statut mais comme n’importe quelle autre personne lambda. Je ne me considère pas comme une super star, c’est de la folie. Je partage beaucoup de choses avec mes voisins, mes proches. Je ne peux pas dire comment je suis (rire) mais certains diront, peut être, que je suis timide, réservé, fou ou farceur, sérieux par rapport à la relation que j’ai avec lui. Je peux aller dans les 1000 à l’heure dans les délires comme je peux être très  calme aussi. Ca dépend des circonstances, de mes états d’esprit. Je ne me fixe pas un caractère défini. Disons que je suis juste fou comme tous les sénégalais (rire) par moment !

Dakarmusique.com : Et en famille ?
Franchement, je ne veux pas en parler. C’est hors de question, je protège ma vie privée. Je ne veux pas entrer dans les détails parce que je suis remonté contre toutes les personnes qui ne font pas la part des choses. Les gens spéculent trop (sourire) et je n’aime pas les rumeurs.

Dakarmusique.com : Quels sont tes projets ?
Mes projets sont multiples mais je ne peux pas en parler. Les fines langues ne me portent pas chance. C’est pour cela que je les garde secrètement jusqu’à l’aboutissement. Retenez juste que j’ai joué des rôles en tant que comédien dans des long métrages, court métrages, sitcoms, je défilé pour des couturiers en tant que mannequin, j’ai fait de la publicité, j’ai eu aussi à prêter ma voix dans des publicités, … un peu de tout quoi. J’essaie de voir chaque jour une nouveauté qui pourrait me faire avancer et me faire vivre d’autres expériences.

Dakarmusique.com : Et pour terminer ?
Peace, love, unity and having fun. Il faut qu’on se prenne en charge, qu’on se prenne en main comme l’a dit Abdoulaye WADE même si, je ne suis pas très d’accord avec lui sur diverses choses.  Let’s work ! Arrêtons d’alimenter les détails, les rumeurs vont détruire le Sénégal. On doit se servir de la culture pour unir le pays. Je dis aussi aux fans que l’album de YATFU est en route. Ça s’appellera «kaddu wurus » parce qu’on a remarqué que les hommes de parole commencent à disparaître et c’est dangereux pour le Sénégal. Travaillons et arrêtons les futilités !le temps ne nous attend pas. À bon entendeur, saaaalut !!!

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