Fini avec la rumba congolaise : Papa WEMBA se tourne vers le Jazz !

par | 3 janvier 2012 | Africa News

Le leader de Viva La Musica pourrait initier un nouveau concept basé sur le jazz. Et pour cela, il compte s’appuyer sur ces musiciens de Kinshasa qu’il juge capables de répondre à ce nouveau défi. Parmi eux, on cite le bassiste Tosha Fulakanda, les guitaristes Costa Pinto et Vico Mupassa.

La star de la rumba congolaise, Papa Wemba, pourrait dans un projet lancer un autre concept, comme ce fut le cas avec le style acoustique qui a ensuite été imité par d’autres artistes musiciens de renom. Le leader de Viva la Musica, a-t-on pris, pense de plus en plus à incorporer les sonorités du jazz dans sa musique, n’ayant plus rien à prouver au niveau local. Il devra commencer par l’interprétation de certains classiques. Papa Wemba a déjà travaillé sur des sons de jazz avec des artistes comme Youssou N’Dour ou encore Julia Sarr.
Pour ce nouveau concept, le Kuru compte sur ses musiciens de Kinshasa entre autres, le bassiste Tosha Fulankanda, le guitariste Costa Pinto et le nouveau guitariste Vico Mupassa. Ce dernier, fils de feu Moussa Kati wa Mupassa (grand nom du music hall à Kinshasa décédé en 2009), a intégré Viva La Musica il y a quelques mois et il a su s’intégrer dans le groupe et créer une symbiose avec les autres musiciens. Visiblement, il jouirait déjà de la confiance de Papa Wemba au regard du grand travail abattu par rapport au répertoire large de Papa Wemba qui a pratiquement quarante ans de carrière musicale. L’on attend donc voir la réalisation de ce nouveau concept de Papa Wemba sur le jazz.

Wemba à l’origine de Zaïko Langa Langa

Né le 14 juin 1949 à Lubefu dans le Sankuru au Kasaï Oriental en RDC, Papa Wemba, de son vrai nom Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, fait partie aujourd’hui des icônes africaines de la chanson. Dès sa tendre enfance, il cultive une voix ténor particulière et devient chanteur en suivant les traces de sa mère, une pleureuse professionnelle. Au milieu des années 1960, il est élève à l’École Pigier à Kinshasa et fait de la chorale religieuse, en dehors de l’école. Puis, après la mort de ses parents, il s’oriente vers la musique populaire kinoise dans son quartier Matonge, le berceau de la musique congolaise, sous le pseudonyme de Jules Presley.

En décembre 1969 à Kinshasa, avec Nyoka Longo Jossart, Félix Manuaku Waku (Pépé Felly), Evoloko, Mavuela Siméon et d’autres jeunes musiciens, il participe à la naissance de Zaïko Langa Langa, un des groupes les plus populaires au Zaïre (aujourd’hui RD Congo) et en Afrique des années 1970 à 90. Au tout début des années 1970, le Zaïko Langa Langa est un jeune groupe, très innovateur, qui essaye de nouveaux trucs dans la rumba congolaise: la batterie et des rythmes plus accélérés font leur apparition au détriment des instruments à vent, qui sont délaissés. Le Zaiko Langa Langa va atteindre le summum de sa gloire en 1974 avec des tubes à succès comme « Mété La Verité », « Chouchouna » (Papa Wemba), « Eluzam », « Mbeya Mbeya » (Evoloko), « BP Ya Munu » (Efonge Gina), « Zania » (Mavuela).

En décembre 1974, Papa Wemba quitte le Zaïko Langa Langa et crée le groupe Isifi Lokole avec Evoloko, Mavuela et Bozi Boziana. C’est l’époque de l’authenticité zaïroise et Isifi Lokole ajouta, au rythme Zaïko, le lokolé, un instrument africain à percussion. La chanson « Amazone » de Papa Wemba domine les hit-parades sur les rives du Congo en 1975. Puis, en novembre 1975, il quitte Evoloko et Isifi Lokole, et s’en va créer Yoka Lokole avec Mavuela Somo et Bozi Boziana. L’attaque-chant de Yoka Lokole, qu’on appelle à l’époque « The Fania All-Stars », devient encore plus redoutable lorsque le bouillant Mashakado Mbuta les rejoint en mars 1976, après avoir claqué les portes de Zaïko Langa Langa. Des chansons phares comme « Matembelé bangi » (Papa Wemba), « Maloba bakoko » (Mavuela) font la joie des mélomanes du Zaïre et en Afrique centrale en 1976. En 2011, il participe au festival Mawazine à Rabat, Maroc.

Création de Viva la Musica

Enfin, en février 1977, il crée son propre orchestre Viva La Musica, un label qui va l’accompagner durant toute la suite de sa carrière. Il forme son nouveau groupe autour de jeunes talents comme les chanteurs Kisangani Espérant, Pépé Bipoli, Jadot le Cambodgien et Petit Aziza, les guitaristes Rigo Star, Bongo Wende, Syriana et Pinos, le batteur Otis. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître; le succès est foudroyant avec des tubes comme « Mère supérieure », « Mabele mokonzi », « Bokulaka », « Ekoti ya nzube », « Aïssa na Zoé ». Les deux premières années de Viva la Musica, sont celles de la collaboration de Papa Wemba avec Koffi Olomide, alors étudiant. Celui-ci écrit les paroles de certaines chansons de son aîné, s’initie au chant et la scène aux côtés de cette virtuose de la musique. Il enregistre également ces premières chansons sous le label Viva : « Asso », « Princesse ya Sinza », « Samba samba », « Anibo ».

Comme Fela qui avait fondé Kalakuta Republic, Papa Wemba créa en 1977 dans sa cour familiale de Matonge, à Kinshasa, «le village de Molokaï», une sorte de copie d’un village africain, avec ses règles et ses codes, dont il s’intronisa lui-même symboliquement chef coutumier. Mais, sa démarche n’était pas politiquement comparable à celle de Fela au Nigeria, car il n’a jamais fait de l’activisme politique contre le régime autoritaire de Mobutu. De 1979 à 1980, Papa Wemba intègre le groupe Afrisa International de Tabu Ley, son idole de toujours. Il s’agit d’une collaboration temporaire souhaitée par les deux artistes. Il participe à une tournée européenne de l’Afrisa et enregistre deux chansons avec son mentor : « Ngambo moke » et « Lèvres roses ».

Au début des années quatre-vingts, sa popularité atteint des sommets au Zaïre et au Congo-Brazzaville. Il devient alors une véritable icône pour la jeunesse sur les deux rives du fleuve Congo. Il est le principal leader du mouvement de la Sape. Sur le plan musical, il enregistre alors certains de ses plus grands succès : « Signorina », « Analengo », « Mea culpa », « Melina la parisienne », « Santa », « Matebu ». C’est également la période des défections au sein de l’orchestre. Tour à tour, Rigo Star, Kisangani Espérant, Dindo Yogo, Djanana, Emeneya, Bipoli, Debaba quittent Viva la Musica. Suite à ces départs, il enrôle de nouvelles têtes, Maray Maray, Reddy Amisi, Lidjo Kwempa, Awilo Longomba, etc.

Vers la fin des années 1980, Papa Wemba s’installe en Europe, sort successivement les albums « L’Esclave », « Mfono yami », « Le voyageur », « Foridoles », « Malimba », et arpente avec succès les échelons de la World music. Au milieu des années 1990, il fait la connaissance de l’homme qui va donner un second souffle à sa carrière : Peter Gabriel. L’album « Emotion » le consacre comme une des grandes figures de la World Music. Encore plus mystique après son passage en prison en 2003 où dit-il «Dieu lui serait apparu», il a retrouvé la scène le 25 octobre 2003 au Zénith de Paris avec l’orchestre Viva Tendance.

Collaborations musicales

Homme solidaire et bon « team player » durant sa longue carrière, Papa Wemba n’a pas hésité à collaborer avec Tabu Ley Rochereau et son groupe Afrisa, Martin Meissonier (producteur de King Sunny Adé et de Ray Lema), Peter Gabriel, Ray Lema, Manu Dibango, Koffi Olomide, Youssou N’Dour, Pépé Kalle, le vieux Wendo Kolosoy, Lutumba Simaro, Kwamy Mussy, et ses vieux copains de Zaiko (Evoloko Jocker, Bozi Boziana, Efonge Gina, Mavuela Somo) les quatuors du Clan Langa Langa, Alpha Blondy, Aretha Franklin participe à l’album Emotion Fa Fa, Lokua Kanza, Angélique Kidjo, Salif Keïta, JB Mpiana, Singuila…

En 1987, il est l’acteur principal du film belgo-zaïrois «La vie est belle » de Ngangura Dieudonné Mweze et Benoît Lamy. Il compose une bonne partie de la musique originale de ce film. Il apparaît également en 1997 dans «Combat de fauves» de Benoît Lamy. Les acteurs principaux du film sont Ute Lemper et Richard Bohringer.

La prison

En 2003, Papa Wemba est suspecté d’être au cœur d’une affaire de trafic de visas et d’aide à l’immigration clandestine, à travers ses tournées musicales entre son pays, la République démocratique du Congo, la France et la Belgique. Le 17 février 2003, il est interpellé à Paris et maintenu en détention pendant trois mois et demi.

Le 16 novembre 2004 le tribunal correctionnel de Bobigny (France) le condamnera à trente mois de prison, dont quatre fermes déjà purgés en 2003, et 10 000 euros d’amende pour «aide au séjour irrégulier de clandestins sous couvert de ses activités musicales».

Après le bagne, l’artiste retrouve sa liberté et décide de s’installer au pays. Ensuite, il va sortir des albums Somo Trop (2003), Bazonkion (2005), Bravo l’Artiste (2006), Ye te oh ! (2006), Nkunzi Lele (2007), Kaka yo (2008), Notre Père (Rumba) (2010) et Notre Père (World) (octobre 2010).

Par Martin Enyimo

Sources : Kongotimes via starducongo.com

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