Faya Bondy alias Bless est un artiste reggae man sénégalais et natif de la Casamance. Il a fait ses débuts dans le paysage musical sénégalais en 1998 et, le 11 Mai 2007, Faya a sorti son premier album intitulé « Non à la drogue ». Dans cet entretien avec votre site et web radio Dakar Musique, l’artiste revient sur son parcours musical, sur son album, sur les difficultés du milieu etc. Entretien !
Dakarmusique.com : pouvez-vous revenir sur votre parcours musical de 1998 à 2013 ?
Mon rêve était de sortir un album et, alkhamdoulilah, ça s’est réalisé en 2013. Au paravent je restais là à attendre qu’un producteur vienne me produire et, à un moment donné, je me suis dit : pourquoi pas ne le sortir moi-même vu qu’au Sénégal, à part dans le Mbalax, il n’y a pas de producteur. Et comme moi je ne fais pas de Mbalax , je me suis dit pourquoi ne pas m’ autoproduire et c’est de la sorte que l’album a vu le jour avec les moyens de bords.
Dakarmusique.com : n a-t-il pas été trop difficile pour vous de vous autoproduire ?
Oui bien sûr c’est extrêmement difficile. J’ai travaillé sans le secours de quiconque. J’ai tout fait avec mes propres moyens, je suis le musicien, le compositeur, l’enregistreur, l’arrangeur et même à un moment donné j’ai fait le mastering, pour vous dire. Et comme je n’ai pas de manager non plus, je suis mon propre manager et c’est moi qui m’occupe de la promotion.
Dakarmusique.com : quel est le sens et la direction que vous donnez à cet album « Non à la drogue ».
Je me suis exprimé là-dessus juste pour sensibiliser les jeunes. L’expérience m’a permis d’observer les manifestations de la drogue chez l’individu et, je me suis dit qu’il est un devoir pour moi de sensibiliser notre jeunesse qui s’y adonne sans pour autant savoir les effets négatifs de celle-ci. C’est ce qui est à l’origine du titre de l’album « non à la drogue » qui reste d’ailleurs un sujet tabou dans notre société vu que se sont les patrons qui sont au cœur de ce trafic qui détruit notre jeunesse.
Dakarmusique.com : et comment ce message est reçu ?
Le message s’adresse à cette jeunesse qui pense que l’usage de la drogue peut les aider à surmonter les vicissitudes de la vie. Toutefois ça me coute cher parce qu’il m’arrive souvent d’être insulté de mère sur scène, parce que disent-ils, je leur fais chier en ce sens que ce n’est pas moi qui leur achète l’opium.
Dakarmusique.com : n’est-il pas paradoxale d’entendre un artiste reggae man dire non à l’opium? Ou bien voulez-vous montrer une image nouvelle du reggae ?
C’est une façon de faire comprendre aux gens que la marijuana, le yamba et autres ne collent pas avec le reggae. Le reggae est une musique et il restera juste une musique. La marijuana est une coutume chez les jamaïcains et c’est leur problème, je ne leur blâme pas. Mais je ne prônerai jamais le fait d’associer le reggae à la culture du yamba. Le reggae est et reste une musique, un message, une philosophie.
Dakarmusique.com : comment se passe la promotion de l’album après un an sur le marché local ?
Vous savez, il est difficile de se promouvoir soi-même. Lorsque j’ai sorti mon album, j’ai fait ce que je devais faire c’est-à-dire la duplication, la distribution etc. mais une fois sur les chaines de télévision et les stations de radio, je me suis rendu compte que je ne comprenais absolument rien au show-biz. Je pensais que les gens qui y été faisaient leur boulot mais ils sont là pour l’argent en fait. A ma grande surprise, lorsque j’ai commencé à faire les démarches dans les radios et télévisions, pour leur dire que je voulais leur aide dans la promotion de mes chansons et vidéos, certains me disaient que pour être vite promu, il faut que je leur donne de l’argent.
Dakarmusique.com : qui étaient ces personnes qui vous demandent de l’argent ?
Ce sont les animateurs qui demandent de l’argent, les journalistes ne me l’ont jamais fait. J’ai fait cinq organes de presse et ils ne m’ont rien demandé, juste le cd pour faire la promo. La musique sénégalaise, s’il elle continue dans cette lancé, il n’y aura jamais de révélations.
Dakarmusique.com : quel message lancez-vous aux gens qui font ce genre de pratique ?
Qu’ils fassent leur travail correctement, quand on peut aider la personne, quand il n’a pas de quoi te payer, Dieu va le faire à sa place et tu peux être fier de toi. Mais malheureusement, les animateurs te disent clairement qu’il faut leur donner 50 000 f Cfa et vite fait tu es connu dans la mesure où le titre va passer en boucle. Je suis vraiment déçu, il y a même un célèbre Dj qui m’a dit « ce n’est pas le talent qui compte, les auditeurs et les spectateurs, on les impose les chansons qu’on veut ». Je lui ai répondu que moi je ne fonctionne pas de la sorte.
Dakarmusique.com : quels sont vos projets dans le court et long terme ?
Il n’y a pas de projet pour le moment, je suis dans la promotion de l’album et je veux que le maximum de public puisse avoir accès à mes chansons. Apres on parlera de la suite inchalah et je vous remercie pour votre disponibilité.
Abdoulaye Diaw, Dakar Musique
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