En aparté avec M.A.S.S, rappeur : « L’aventure du Black Diamonds est bien finie ! »

par | 30 juin 2014 | Webnews

El Hadji Malick Seck vient de frapper un grand coup. Le rappeur a présenté à la presse son dernier album mercredi dernier. Une occasion que nous avons saisie pour discuter avec lui sur son parcours et ses ambitions. Sans détours, il a abordé beaucoup de sujets avec une réelle franchise. Entretien avec un homme qui a décidé de creuser son trou dans le paysage musical sénégalais.

Le Témoin – Pouvez-vous revenir sur le parcours de MASS et nous dire ce qui vous a poussé à faire du rap ?
M.A.S.S. – A la base, je suis un artiste qui aime toucher à beaucoup de choses. Je suis aussi un dessinateur qui aimait suivre des dessins animés à la télé. J’ai aussi beaucoup aimé lire les bandes dessinées et cela m’a beaucoup influencé. Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai été obligé de suivre une formation en génie Informatique et, après cela,  je me suis intéressé à l’infographie. Mais, durant tout ce temps-là, j’ai fait de la musique. J’ai commencé par écrire des textes pour des amis. J’étais un grand fan de Shaba Ranks et je toastais comme lui. C’est par la suite que j’ai intégré mon premier groupe avec Sister Diarra qui a été ensuite au Super Diamono et au Super Etoile avant de s’exiler en Italie. Voilà. Par la suite, j’ai rencontré Gaïndé Fatma et ensemble nous avons travaillé au sien du groupe « Black Diamonds » qui nous a permis de nous faire connaitre. Cependant, le chemin fut long et difficile.

Comment El Hadji Malick Seck est-il devenu M.A.S.S ?
Je suis un homonyme du marabout El Hadji Malick Sy. J’ai étudié le Coran et, par la suite, j’ai adopté le surnom de MASS qui veut juste dire « Mass Seck Seck Singuanar ». Tout cela pour dire qu’il faut toujours avoir un parcours dans la vie et en tirer les  meilleures leçons. C’est pourquoi je conseille aux jeunes  d’étudier et d’avoir un bon  fonds avant de se lancer dans une carrière.

Pourquoi, à votre avis, les musiciens doivent-ils étudier ?
Je vais vous donner un exemple très réducteur. Vous voyez, le son   « Xamnga un milliard », je l’ai écrit pour faire réfléchir. Un ami m’a raconté qu’il avait entendu le procureur dire qu’avec un milliard on pourrait étaler des billets de 1000 francs sur une distance de plus de deux cents kilomètres. Tout cela pour dire que ce texte  a une portée didactique évidente. La musique est une question de mesures et, donc, de chiffres. En ayant une bonne base, on peut facilement placer sa voix et tout cela découle d’une bonne formation et d’une bonne compréhension des choses. J’ai eu mon bac et j’ai eu un diplôme en génie Informatique. Cela me sert beaucoup. En sortant un album, on décide de s’adresser durant deux heures au monde. Pour y arriver, il faut forcément avoir des choses à dire. Cela,  on ne peut pas le faire si on n’a pas une bonne éducation et une vaste culture.

Vous étiez à la  2 STV avant de migrer vers la TFM et, actuellement, vous avez des problèmes avec cette chaine. Qu’est ce qui explique cette instabilité ?
Il ne s’agit pas d’instabilité et je dois dire que je suis toujours à la TFM à l’heure où je vous parle même si, évidemment, il y a quelques incompréhensions. Je disais tantôt que j’ai un diplôme en génie Informatique. J’ai commencé par travailler chez moi à Diourbel dans une  célèbre usine comme adjoint au chef du service informatique. J’avais un bon salaire et un bon plan de carrière. Cependant, j’avais une autre vision de la réussite et je voulais surtout développer mon sens artistique. C’est par la suite que j’ai intégré la RTS 2 qui allait devenir 2 STV. Au début, je percevais moins de la moitié de mon ancien salaire. J’ai fait mes preuves et j’ai voulu évoluer. Il est vrai qu’à la fin je faisais partie des agents les mieux payés de la boite. Arrivé un moment, je voulais faire autre chose et, surtout, franchir un nouveau palier car je faisais office de directeur  artistique dans les faits. Il se trouve que mon employeur  ne voyait pas  les choses de cette façon et, quand on m’a proposé ce que je voulais ailleurs et avec un meilleur salaire,  je suis parti. Mais nous gardons les meilleures relations. Ma structure de production continue de travailler avec la 2 STV et aussi toutes les grandes chaînes de la place.

Vous venez de procéder à la cérémonie de lancement de votre album « Mandarga », quel est le sentiment qui vous anime ?
Je dois dire qu’il s’agit d’une autre démarche et d’un nouveau combat que je viens  d’entamer. Il faut savoir qu’entre être dans un groupe et évoluer en solo, c’est très différent. Dans une entité, on est obligé de faire des concessions et de mener le même combat. Maintenant, je me suis lancé dans une carrière solo et les choses deviennent plus difficiles parce que je considère que je suis un nouvel artiste et que je viens de tout recommencer et de repartir de zéro. Donc, ce nouvel album constitue un nouveau départ et c’est avec ce disque que j’aurai tout à gagner. Je suis assez satisfait du résultat et je suis convaincu que cet album va être un des classiques du Hip Hop Galsen.
 
Le groupe « Black Diamonds » court toujours derrière la moitié de sa prime de 50 millions reçus aux Koras Awards, où en êtes-vous avec ce problème ?
Les choses suivent leur cours normal. La justice est entrain de faire son travail. Nous avons déjà reçu la moitié de la somme et je suis confiant quand à l’issue de ce problème.

Pourquoi la procédure a-t-elle été aussi longue ?
Il faut savoir que le promoteur a consenti des efforts. Il nous a dit que c’est Guillaume Soro de la Côte ivoire qui devait lui allouer les sommes. Finalement, comme aucun artiste ivoirien n’a été primé, il n’a pas voulu respecter ses engagements. C’est l’explication qu’il a fournie et elle vaut ce qu’elle vaut. Maintenant, comme c’est un contrat, il est obligé de le respecter. Il avait envoyé un émissaire à Dakar et promis de  régler le problème mais on attend toujours. La procédure suit son cours et cela peut encore durer. On ne sait jamais quand cela va aboutir mais on garde toujours confiance.

Pourquoi avez-vous choisi de  titrer l’album « Mandarga » ?
« Mandarga » veut dire en français cicatrices, quelque chose qui peut arriver à identifier. C’est par rapport à une situation personnelle : un accident où j’ai eu plusieurs cicatrices, plusieurs points de sutures qui m’ont marqué. Et c’est autour de ça que j’ai écrit l’album. Les titres, quand vous les écoutez, renvoient toujours à l’individu. Avant, on parlait toujours du système, du gouvernement, de politique… Le premier ciblé c’est d’abord l’individu et cet album s’adresse à lui. J’aurais pu écrire un livre et  donc dire que l’album renferme de nombreuses histoires. Cependant, l’homme est au centre de mes préoccupations.

Vous évoluez en solo cela veut-il dire que le « Black Diamonds » n’existe plus ?
Il faut  savoir que Gaïndé Fatma est un ami et plus qu’un frère. Il est toujours là et il travaille sur son album solo. A mon avis, c’est un des meilleurs chanteurs  au Sénégal et tout le monde est d’accord avec moi. Mais, à dire vrai, l’aventure du « Black Diamonds » est bien finie. Nous n’allons pas faire l’autruche et nier l’évidence. Il se peut qu’on se retrouve dans l’avenir pour faire des choses ou sortir un album mais le groupe n’existe plus.  On a fait un titre dans l’album qui s’appelle « T’es Belle » et ça fera partie des hits de l’album. Ce n’est pas la musique qui nous a réunis, c’est un frère. Lorsque j’étais à l’hôpital il a réuni 100 000 F pour me venir en aide. Et, à l’époque,  son salaire ne lui permettait pas de pouvoir faire cela. Cela veut tout dire. Il est tout le temps en train de travailler dans mon studio à Diourbel et je peux vous donner d’autres exemples.

Alors, pourquoi avez-vous décidé de faire cavalier seul ?
Parce que, tout simplement,  nous sommes deux artistes et nous avons des sensations très individuelles à expérimenter. Et malheureusement, ça ne peut se faire au sein du groupe. Le « Black Diamonds » est un concept qui a un vécu et une histoire et il a fait son temps. C’est pour cela que j’ai voulu sortir   un album solo et G. F. aussi, de son côté, va faire la même chose. C’est aussi simple que cela.

Propos recueillis par : Fadel Lo

ARTICLE PARU DANS « LE TEMOIN » N°1170- HEBDOMADAIRE SENEGALAIS  (   JUIN 2014 )

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