Les concerts des artistes sénégalais en Europe deviennent de plus en plus fréquents même s’ils sont souvent engagés par des promoteurs privés. Toutefois, il faut dire que les difficultés ne manquent pas par rapport l’organisation de ces spectacles. Les journalistes culturels Alioune Diop et Fadel Lo donnent leur point de vue.
Depuis quelque temps, les artistes sénégalais se distinguent de plus en plus sur les scènes musicales européennes. Viviane Chidid au Zénith, Waly Ballago Seck à Aréna de Genève et Pape Diouf à Bercy pour ne citer que ceux-là ont osé jouer dans ces mythiques salles d’Europe même si les difficultés ne manquent pas. Toutefois, il faut dire que ces spectacles sont loin d’être organisés par les artistes eux-mêmes. Pour la plupart de ces cas, les artistes sont engagés par des promoteurs privés avec lesquels ils signent des contrats. Et si les spectacles connaissent souvent des échecs, c’est parce que les promoteurs n’ont pas d’équipe solide capable d’accompagner les artistes. Ou du moins, c’est ce que soutient le journaliste culturel Fadel Lo.
«Il n’y a que Youssou Ndour qui peut organiser un concert en Europe et quand il le fait, l’organisation se fait à partir de Paris tandis que les autres quand ils organisent, leurs publicités se font à partir d’ici. Ils n’ont aucun grands groupes derrières eux, ils n’ont pas de majeurs encore moins de tourneurs en Europe », explique Fadel Lo. Mieux, dit-il, « je trouve que ça soit Pape Diouf, Waly ou Viviane qui ont connu des échecs au niveau des grandes salles, c’es parce qu’ils n’ont pas été bien préparés et puis je pense que les organisateurs n’ont pas été à la hauteur ».
Sur ce, le journaliste à la Rsi, Alioune Diop embouche la même trompette. « J’aurai aimé que ce soit une politique établie pour la communauté sénégalaise et la culture sénégalaise va en profiter pour connaitre son rayonnement mais jusque-là, ce ne sont pas des concerts professionnels, c’est plutôt des concerts communautaires et quand je dis concert professionnel, je veux que tout soit pris en charge par le promoteur ou bien l’agent qui organise», dit-il. Pour Alioune Diop donc, ce ne sont pas ces genres de spectacles qui feront rayonner la culture sénégalaise. Car à ces difficultés susmentionnées, Alioune Diop ajoute la non-médiatisation des évènements. «J’aurai souhaité que ces artistes partent dans ces pays avec plusieurs dates. Ils vont en tournée mais avec une seule date non médiatisée par les médias locaux et je crois que ça ne peut pas contribuer à la promotion des cultures sénégalaises. Il faut que ce soit professionnel pour que ces concerts connaissent l’adhésion des médias locaux pour que ce soit réellement médiatisé ».
L’autre paradoxe qui ne laisse pas indifférent le journaliste culturel, c’est le fait que ce sont les artistes eux-mêmes qui font la promotion de leurs spectacles. «C’est l’artiste lui-même qui fait la promotion de son spectacle. J’ai l’impression avec ces deux derniers concerts que ce sont les artistes eux-mêmes qui l’organisent. Le montage financier m’impressionne. Il y’a un flou artistique dans le montage financier de ces concerts-là», soutient Alioune Diop. Quant à Fadel Lo, il dira : «ça ne peut pas prospérer parce qu’il n’y a que des sénégalais qui iront là-bas et les artistes font juste les spectacles pour une question de prestige pour dire que j’ai joué dans une place où Youssou Ndour a joué».
Il faut rappeler que les artistes sont engagés par des promoteurs sur la base de contrats. Ce qui veut dire que même s’ils n’en sortent pas financièrement, ils y gagnent en notoriété. Toutefois, Fadel Lô trouve qu’il faut encourager les artistes plutôt de les critiquer en soutenant qu’ils sont prétentieux.
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