« +Folila+ signifie +faire la musique+ en bambara. On l’a appelé comme ça parce que beaucoup de musiciens, beaucoup de chanteurs ont participé à l’album et l’objectif c’était ça : faire la musique ensemble », explique Mariam Doumbia.
« Les échanges permettent de donner le côté universel à la musique, de dire qu’on peut être un Africain et chanter avec un Américain, un Anglais ou un Français. Le fait d’être ensemble, ça donne une autre couleur, chacun s’exprime avec sa sensibilité », ajoute Amadou Bagayoko.
Pour ce huitième album, publié lundi sur le label français Because, le couple est parti enregistrer aux Etats-Unis, à Bamako, puis en France.
A chaque étape, ils ont enrôlé des musiciens locaux: le joueur de kamele n’goni (harpe-luth) Idrissa Soumaoro, le maître de la kora (harpe-luth) Toumani Diabaté, l’Anglaise Ebony Bones, TV on the radio, Jake Shears des Scissor Sisters, Amp Fiddler, Theophilus London côté américain…
Cette prestigieuse liste d’invités est le fruit d’une longue histoire, de liens noués au fil des concerts et des festivals avec « des passionnés de notre musique », assure le duo.
Car depuis le début des années 2000, Amadou et Mariam, qui se sont rencontrés à l’adolescence à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako, sont devenus des stars internationales.
Ils se sont produits sur les plus grandes scènes du monde, ont joué pour l’ouverture du Mondial en Afrique du Sud et devant Barack Obama, ont collaboré avec Damon Albarn, Manu Chao ou -M-.
« On a chanté avec presque tous les gens qu’on adore: Stevie Wonder, Ray Charles, Robert Plant, David Gilmour », dit Amadou, 57 ans. « Et Francis Cabrel », s’empresse d’ajouter Mariam, 53 ans.
Beaucoup de musiciens auraient peur de perdre leur identité en ouvrant aussi grand les portes de leur studio.
« Mais en fin de compte, la base de la musique c’est nous qui la donnons. Nous composons les morceaux, écrivons les textes. Nous traduisons à notre invité ce qu’on dit dans la chanson et à partir de là, il écrit sa partie », explique Amadou.
C’est aussi le duo qui fait dialoguer l’harmonica et le balafon, la vielle et la guitare. « Les façons de compter la musique, les tonalités » sont différentes entre musique africaine et occidentale, « mais avec nous ça marche toujours parce que nous sommes habitués à ces deux cultures », ajoute le guitariste.
Sur « Folila », un invité a davantage laissé son empreinte que les autres : Bertrand Cantat.
Amadou et Mariam ont rencontré l’ex-Noir Désir lors d’un concert à Bordeaux en 2009.
« Ca faisait longtemps qu’on connaissait sa musique. On aime le rock et le blues, sa voix nous plaisait beaucoup. On a parlé de la musique et on l’a invité au Mali », raconte Mariam.
Le chanteur y a passé dix jours, posant sa guitare et son harmonica sur la musique du duo et chantant avec eux sur quatre titres.
Sa voix éraillée dans « Oh Amadou! » – « un morceau pour donner de l’espoir aux gens, pour dire que la vie est faite de jours de bonheur et de jours de malheur », selon Amadou – est un des moments les plus poignants de l’album.
Le clip de la chanson, premier extrait de l’album, montre les trois musiciens en virée complice sur les terres rouges du Mali.
« L’ambiance, l’accueil des gens, la chaleur, les endroits, les odeurs, ça donne une autre inspiration. Les musiciens ont besoin de ça pour donner autre chose d’eux-mêmes », dit Amadou.