« Cher ami tu sais qui joue dans la semaine à… » C’est le texto que j’ai reçu d’une amie. Elle me demandait de lui trouver un lieu où elle pourrait évacuer le stress après le boulot. Hélas pour elle, ma prospection s’est révélée infructueuse. Ramadan oblige, la culture semble être en berne et Dakar, la capitale, devient une ville fantôme dès l’heure de la rupture du jeûne et après 22 heures. Une ville sans aucune animation culturelle. Il faut dire qu’en ce mois béni, les activités religieuses ont pris la relève de celles ludiques pour plonger la Cité dans une intense ferveur religieuse (toute feinte ?). Les musiciens étant presque tous de confession musulmane, seuls quelques- uns d’entre eux dont Souleymane Faye ne s’astreignent pas à cette règle consistant à marquer une pause durant le Ramadan et continuent de jouer dans quelques places qui ne reçoivent, malheureusement, pas grand monde.
Les espaces comme le Grand Théâtre, Sorano, la maison de la Culture Douta Seck et le centre culturel Blaise Senghor s’ouvrent également au religieux avec des conférences initiées par des associations, groupes professionnels etc. Quant au centre culturel français, il a réduit au minimum ses activités culturelles. Point de concerts ou autres spectacles durant ce mois de carême.
Sur la bande Fm comme sur nos chaînes de télévision, c’est aussi moins de réjouissances païennes et plus de ferveur religieuse. En fin de soirée, des sketchs sont au programme. Malheureusement, ces parodies sont d’une effarante nullité avec des mises en scène trop bouffonnes et brouillonnes. Aucun effort sur la mise en scène. Et c’est à croire que le fait de jeûner constitue une corvée pour nos compatriotes. C’est donc l’ennui total au cours de ce mois de juillet. Autant dire que tout est en berne en attendant la grande saison qui démarre en août. Le Ramadan, c’est aussi le moment que choisissent les chanteurs qui excellent dans le créneau religieux pour inonder le marché de leurs produits musicaux. Quant aux chanteurs païens, c’est-à-dire nos différents « Mbandakat », ils attendent la veille de la Korité pour se rappeler au bon souvenir de leurs inconditionnels. Mais avec la crise et la piraterie musicale sur laquelle les autorités n’ont aucune emprise, les musiciens préfèrent maintenant sortir des « singles » pour ne pas se faire oublier et occuper les différents plateaux. Pour cette saison, c’est le jeune musicien Birahim qui mène la cadence avec son opus au nom de son quartier la « Médina ». Un « single » qui fait se pâmer les midinettes. Fallou Dieng, le chef d’état-major général des ambianceurs, le suit de près côté succès. Ce en attendant qu’un autre vienne jouer les trouble–fête. Mais on peut douter qu’un autre puisse porter ombrage à Birahim, le label « Prince Arts » ayant la réputation de bien protéger ses pousses en les accompagnant sur le chemin du succès. Autant dire que les dirigeants de cette maison ont la réputation de transformer en or tout ce qu’ils touchent. Un véritable laboratoire à succès. Après donc la Korité, le mois d’août sera celui de toutes les folies où tout sera permis. C’est dire que le mois d’août sera vécu intensément par les jeunes et moins jeunes. Patience, août c’est juste dans quelques jours !
ALASSANE SECK GUEYE
Article paru dans « Le Témoin N° 1173 » –Hebdomadaire Sénégalais ( Juillet 2014)