A Dakar pour la promotion de son nouveau single Ya Touyour, un son tradi-moderne réunissant à la perfection romantisme et douceur, l’artiste française d’origine marocaine, Sarah Ayoub, s’est livrée au jeu de question-réponse avec Dakar Musique. Entretien !
Dakarmusique.com : Bonsoir Sarah ! Qu’est ce qui nous vaut votre présence à Dakar ?
Bonsoir ! Dakar est le point de départ de ma promotion africaine, le Sénégal est une étape très importante, c’est la première fois que je viens ici et c’est un coup de cœur de découvrir ce pays et la gentillesse des sénégalais. Dakar est une ville qui bouge énormément et c’est pour moi le point de départ de toute la promotion subsaharienne.
Dakarmusique.com : depuis quand avez-vous commencé à faire de la musique ?
J’ai comme impression d’avoir chanté depuis toujours parce que j’ai eu la chance d’avoir un papa qui était un musicien passionné de luth. Ce qui fait que, depuis l’enfance, j’ai été bercée par la musique. Et, ce papa m’a aussi beaucoup encouragé dans mes premiers pas en tant qu’artiste. Il m’a incité à faire du théâtre, de la danse, du chant, du piano etc. bref, il m’a beaucoup épaulé et, petit à petit, j’ai grandi et j’ai trouvé ma voie dans ce milieu.
Dakarmusique.com : quelle est la spécificité de la variété musicale que vous faites ?
C’est une très bonne question parce que la spécificité de ma musique voire de mon projet musicale est de faire des reprises du répertoire arabe des années 50 et de les mettre au gout du jour, de leur donner une interprétation et des arrangements modernes.
Dakarmusique.com : qu’est ce qui justifie le choix des années 50 ?
C’est une période magnifique ! C’est la période de nos parents, de nos grands parents, c’est toutes ces belles musiques qui ont bercées nos aïeuls. Et, je me souviens, quand j’étais petite mes parents étaient toujours là en train de nous inciter à apprécier ces belles chansons. Mais c’est en grandissant qu’on ressent le besoin de réécouter ces titres qu’on trouvait jadis d’un autre temps et qu’on découvre avec beaucoup d’émotions aujourd’hui parce que c’est un peu notre histoire à tous. De plus, j’ai choisi cette musique parce que c’est l’âge d’or de la chanson orientale avec les grands classiques comme Abdel Halim Hafez , Oum Kalthoum, Asmahan etc. qui sont de grandes figures de la musique orientale.
Dakarmusique.com : vous faites une réinterprétation de leur production musicale ou bien vous inspirez-vous juste de ces chanteurs des années 50 ?
J’essaie toujours de respecter la chanson originale. Mais, bien évidemment, je me donne beaucoup de liberté dans l’interprétation mais aussi les arrangements c’est-à-dire que les arrangements de même que les interprétations sont modernes. C’est une manière pour moi de faire découvrir à la nouvelle génération des chansons qu’ils ne connaissaient pas, qui sont d’un autre temps.
Dakarmusique.com : vous chantez en arabe, devrait-on s’attendre à vous voir le faire aussi en français ?
Dans ma carrière, lorsque je sors un single en arabe, j’essaie toujours de faire une version en français. Il y a par exemple Ahwak qui a une version française qui veut dire, d’ailleurs, je t’aime.
Dakarmusique.com : de quoi parle votre nouveau single Ya Touyour ?
C’est une très belle histoire d’amour ! Ya Touyour veut dire l’oiseau et dans le texte il est demandé à l’oiseau d’aller voler jusqu’à l’être aimé pour lui dire dans quel état elle se trouve. Elle lui dit : décris lui dans quel état je suis quand je me retrouve loin de lui et à quel point il me manque. C’est le deuxième single après Ahwak, une reprise d’Abdelhalim Hafez. Ya Touyour , mon 2e single est aussi le premier extrait de la comédie musicale Asmahan la sublime.
Dakarmusique.com : En quoi consiste cette comédie musicale ?
C’est la première comédie musicale chantée en arabe et interprétée par des maghrébins avec des marocains, des algériens, des tunisiens et bien évidemment des français. Je tiens le rôle d’Asmahan, qui raconte l’histoire vraie d’Asmahan, une Diva devenue espionne, chanteuse et actrice syrienne, sœur de Farid El Atrache, une femme libre et mondaine dans le Caire des années 30. Entre parties de poker et nuits blanches, la vie tourbillonnante et sulfureuse d’une Princesse Druze au tempérament de feu qui en plus d’avoir une voix magnifique, a joué un rôle décisif au Moyen-Orient. Aujourd’hui encore, les circonstances de sa mort restent assez mystérieuses.
Dakarmusique.com : quel est l’état d’avancement du projet ?
Vous savez une comédie musicale elle prend beaucoup de temps, il faut quasiment trois ans de préparation, et Dieu merci, on a très bien avancé et elle sera prête pour 2016.
Dakarmusique.com : vos chansons sont teintées du sceau de la mélancolie, de l’émotion, de la passion pour ne pas dire de la sensualité, comment est ce que vous l’expliquez ?
Quand je commençais la musique je chantais en français mais j’avais comme impression que ce n’était pas vraiment moi. Et le jour où j’ai commencé à chanter en arabe je me suis enfin senti moi-même. On dit toujours qu’on ne s’exprime bien que dans sa langue maternelle. C’est là où l’émotion est la plus vive, c’est là où on véhicule le plus d’émotion lorsqu’on parle, crie ou chante.
Dakarmusique.com : il se trouve que la musique orientale est délaissée au profit de la musique dite commerciale, alors comment vivez-vous cette situation ?
Je suis tout à fait d’accord, on est dans un temps où c’est un peu dénaturé, tout le monde veut faire des chansons club. J’ai fait tout l’inverse ça manque les chansons classiques avec un peu de douceur.
Dakarmusique.com : vous êtes à Dakar depuis une semaine, avez-vous fait de scène ?
Non je n’avais pas de scènes prévues je suis ici à Dakar parce que j’ai de la famille, je suis là pour voir ma famille, j’ai ma petite sœur qui vit à Dakar depuis très longtemps et je suis là pour me reposer, prendre des forces pour le travail que je dois entreprendre par la suite. Mais j’ai profité de ma présence aussi pour faire quelques interviews et, comme il ya beaucoup de demande, je dois revenir en Juin inchalah.
Dakarmusique.com : quelle idée avez-vous de la musique sénégalaise ?
La nouvelle scène sénégalaise a une très bonne réputation et beaucoup de qualité. J’ai écouté quelques artistes de la nouvelle scène et je trouve qu’il y a beaucoup de talents, des influences folks, Soul, funk etc. c’est à la fois riche et magnifique. D’ailleurs quand je suis allée hier à la station nostalgie, on m’a fait découvrir pleins d’artistes sénégalais et peut être qu’en Juin, je vais faire un duo avec un chanteur sénégalais mais pour l’instant je ne peux rien dire, ce sera une surprise. Mais une chose est sur, il y a un projet avec un artiste sénégalais de la nouvelle scène.
Dakarmusique.com : que faut t’il de plus à la musique africaine de manière générale ?
La musique africaine influence de manière générale toutes les musiques actuelles. Même les américains sont assez tournés vers les rythmes africains. Et, de plus, les musiques qui marchent le mieux sont les musiques latines, africaines bref les musiques du soleil. Les gens aiment le mouvement et le rythme donc, forcement, l’Afrique est le berceau. Et qu’est ce qui reste ? Tout est à faire et je pense que l’élan est bon, il faut le laisser en marche.
Dakarmusique.com : et que retenez-vous de votre séjour au Sénégal ?
Beaucoup de choses, du soleil, des gens gentils, des paysages à couper le souffle, la nuit sénégalaise qui bouge beaucoup et, ce qui m’a le plus étonnée, c’est que les gens sont mélangés ; il y a des blancs des noirs des jaunes c’est extraordinaire et je trouve cela super.
Dakarmusique.com : qui sont les artistes qui vous influencent ?
Je puise mes influences dans différentes sources, aussi bien dans le répertoire classique arabe (Asmahan, Abdel Halim Hafez, Oum Kalthoum, Farid El Atrache…..) que dans la chanson française (Edith Piaf, Jacques Brel, Michel Berger, …) ou encore anglo-saxonne (Renée Geyer, Luther Vandross…)
Dakarmusique.com : mot pour finir !
Dakar je vous aime, Sénégal je vous aime je suis très heureuse d’être là et je reviens très bientôt !
Abdoulaye Diaw, Dakar Musique
[email protected]