En aparté avec Salam Diallo : «Mon faible niveau scolaire et le manque de staff performant ont plombé ma carrière »

par | 28 juillet 2014 | Webnews

Salam Diallo est un phénomène unique dans le monde de la musique au Sénégal. L’auteur du célèbre tube« GOANA » fait feu de tous bois et continue de surfer sur un nuage de succès. L’ancien membre du Lemzo Diamono est  un artiste très  sollicité  qui continue de faire courir les foules. Dans l’entretien qui suit il aborde des sujet brûlants comme ses relations avec les femmes, les autres artistes, les journalistes etc. Entretien avec un artiste au sommet de son art et qui n’a pas toujours connu un parcours facile.

Le Témoin – Que devient Salam Diallo ?
Salam DIALLO -Permettez-moi de rendre hommage à mes parents et à mon défunt marabout Serigne Saliou Mbacké car c’est très important pour moi.
Pour répondre à votre question, je suis toujours dans le domaine de la musique. Comme j’ai l’habitude de le faire, j’essaye de donner à chaque fois du plaisir à mes fans et d’honorer mes contrats au Sénégal et à l’étranger.

On annonce la sortie de votre album depuis plus de deux ans, pourquoi ce blocage si blocage il y a bien sûr ?
En réalité, il n ‘y a pas de problèmes. Il se trouve que le producteur de l’album, Babacar Lo, avait d’autres chantiers en souffrance et, il faut aussi le dire, avec la crise qui sévit actuellement au niveau de l’industrie musicale, il avait décidé d’expérimenter une nouvelle stratégie de vente de cassettes. C’est ce qui a causé ce léger retard. Cependant, nous rendons grâce à Dieu car nous avons extrait des  titres de l’album et ces morceaux ont fait un véritable tabac. Ce qui augure de beaux lendemains pour la sortie effective de l’album.

Quel est le secret de Salam qui est l’artiste le plus sollicité avec six prestations dans la semaine ?
Il y a effectivement un secret et il s’agit  simplement du travail. Il faut trimer dur avant de pouvoir jouir de son labeur. Encore une fois, seul le travail paye.

On a vu que Salam était très frileux par rapport à la presse. Depuis un moment, cependant, on note une nette amélioration, vous avez dédié votre dernier anniversaire aux journalistes, comment expliquez-vous ce revirement ?
Je parlerais plutôt de malentendus car certains journalises éprouvaient un malin plaisir  à déformer mes propos. C’est pourquoi, j’avais préféré accorder la priorité aux chaînes de télévision au détriment de la presse écrite qui m’a beaucoup saqué il faut le dire. Comme Salam est un grand farceur, je pensais qu’à la télévision mes propos ne pouvaient pas être déformés facilement. J’avais donc pris sur moi d’éviter certaines sorties car je suis aussi un illettré et mes propos n’étaient pas toujours rendus fidèlement. Pour éviter les polémiques stériles, je m’étais replié dans mon coin. Je suis conscient que les journalistes font leur travail et que, sans eux, notre travail n’est pas vulgarisé. Je ne me suis jamais replié mais j’observais une conduite prudente pour ne pas créer des remous. Je n’ai jamais fui les journalistes. J’admets aussi qu’à l’instar de tous les autres artistes, je dois disposer d’un attaché de presse pour faciliter mes relations avec les journalistes. Je reconnais que le fait de ne pas en avoir m’a porté préjudice et que c’est une lacune à combler.

Salam a été percussionniste, danseur avant de devenir un chef d’orchestre avec un certain succès. Peux-tu revenir sur les moments forts de ta carrière ?
Mon parcours a été trop dur car, au départ, tout le monde disait que ce n’était pas évident.  Et donc si, par la grâce de Dieu, les choses ont atteint ce niveau je ne peux que m’en féliciter. Il est vrai que j’ai connu des moments forts dans ma carrière mais, en réalité, cela se passe tous les jours. Il faut savoir que je joue toute la semaine et durant des jours ouvrables comme le lundi, le mardi et le mercredi et pourtant à chaque fois le public répond en masse à mon appel. Les moments forts qui me font le plus plaisir ce sont les visites régulières de mes collègues artistes à mes soirées. Je citerais particulièrement Youssou Ndour qui est une star planétaire qui n’hésite pas à venir me trouver en boite. Ce qui est une grande fierté pour moi car je peux dire qu’avec cette reconnaissance de Youssou Ndour et de tous mes pairs, j’ai largement atteint mes objectifs. Youssou Ndour  est une personnalité de ce pays qui ne se déplace pas pour des broutilles et il en est de même pour Thione Seck et  l’ensemble des musiciens de ce pays. J’en suis très heureux et je m’en réjouis.

Salam a aussi lancé beaucoup d’artistes comme Ndongo Lo, Moussa Diouf, Kéba Seck etc.
Je répondrais encore qu’il s’agit là toujours des résultats de mon ouverture. Je citerais en premier Titi qui a fait des chœurs dans ma cassette. Viviane aussi est passée par moi car Youssou Ndour me l’avait confiée. Je citerais aussi Joe Mbaye, Moussa Diouf, Daba Sèye,Lat Mbaye,Kéba et beaucoup d’autres que je ne saurais citer comme Amy Mbengue et tant d’autres. Cela démontre que seule la générosité paye. Peut être que si j’arrête un jour de faire la musique, tous ces gens pourront me venir en aide (rires). C’est pourquoi, je demande à mes collègues de faire preuve de plus de compréhension à l’égard de jeunes artistes. En ce qui me concerne, je ne suis pas rancunier mais je reconnais ceux qui me soutenaient et ceux qui me menaient la vie dure.

Parle-nous de tes passages au Super Diamono et au Lemzo Diamono. Qu’as-tu appris au sein de ces deux orchestres ?
J’ai appris la musique et le partage. Le Super Diamono était un groupe qui n’avait pas de chef, c’était une famille où tout le monde était logé à la même enseigne et avec une bonne ambiance permanente. Je me dis que je suis passé par une école d’excellence. Après le Super Diamono, j’ai rejoint le Lemzo où le grand Lamine Faye nous a élevés dans le « live » et la bonne musique. Ce qui m’a permis de mener ma barque avec la manière à l’heure actuelle. Je suis donc passé dans d’excellentes écoles de formation.

Salam est enfin devenu professionnel avec un staff et une organisation. Pourquoi avoir attendu tout ce temps ?
Encore une fois, chaque chose arrive en son temps et tout découle de la volonté divine. C’est pourquoi, je demande à mes amis artistes d’essayer d’avoir un minimum d’instruction. A l’heure actuelle, la technologie est très développée et il faut vraiment disposer d’un petit bagage pour s’en sortir. Il est vrai que c’est Dieu qui fait les carrières mais il faut essayer de se former un peu. Je reconnais que c’est ce qui a longtemps retardé ma progression. Mon faible niveau scolaire et le manque de staff performant ont véritablement plombé la bonne marche de ma carrière. Il faut aussi avoir de très bons conseillers et accepter les critiques constructives. Actuellement, j’ai plus de 75 000 conseillers qui agissent dans l’ombre et qui me rectifient à tout instant.  Dans ce lot il existe des imams, des avocats, des décideurs et des conférenciers, des politiciens et ils ne me ménagent pas. Il faut essayer d’être bien entouré par des gens qui vous disent la vérité et qui évitent de vous faire des louanges. Ces  flagorneurs sont la plaie du milieu car ils sont à la base de toutes les mésententes qui peuvent survenir entre les artistes. Je lance un appel à mes collègues pour qu’ils évitent ces comportements condamnables. Un artiste doit être travailleur, très croyant  et éviter les parasites.

Que nous réserve Salam dans un proche avenir ?
Salam n’a plus rien à prouver ici au Sénégal. C’est pourquoi, je lance un appel au public pour qu’il me soutienne un peu plus. J’aspire à exporter le « tassou » un peu partout dans le monde entier. Je suis convaincu que ça ne sera pas difficile pour moi.Youssou Ndour l’a dit dans une de mes soirées, car les racines de notre Mbalakh se trouvent dans le « tassou ». Le spectacle vivant que nous faisons est aussi un facteur motivant. C’est pour toutes ces raisons que je demande aux Sénégalais de prier pour moi pour que j’atteigne mes objectifs de faire rayonner la musique sénégalaise partout.

Le « tassou » est parfois décrié à cause des paroles jugées obscènes par certains. Que réponds-tu à cela ?
Je pense que chacun vient avec son style. A mes débuts, les gens ne comprenaient pas qu’un homme puisse faire du « tassou » et pourtant, actuellement, ils ont tous approuvé ma démarche et je fais des émules. Je trouve que c’est par méconnaissance que les gens tiennent ce discours. Il faut reconnaître que cet art a sa propre structure. Il est vrai que l’accent est mis sur les blagues et les appels du pied mais Salam livre toujours un message dans ses chansons. J’accepte les critiques et je vais essayer de mieux travailler mes textes car j’assume mes erreurs.

Propos recueillis par Fadel LO
Article paru dans « Le Témoin N° 1173 » –Hebdomadaire Sénégalais ( Juillet 2014)

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