En aparté avec Carlou D « Il n’y a pas photo, question niveau, entre mes instrumentistes et les musiciens européens »

par | 5 mai 2014 | Webnews

Ibrahima Loucard alias Carlou  D n’est plus à présenter au public sénégalais. Il vient de sortir un nouvel album le 25 avril dernier. Il en a profité pour animer un concert à l’Institut Français Léopold Sédar Senghor. Une occasion que nous avons saisie pour échanger avec lui. Entretien avec un artiste de talent qui a décidé d’insuffler une nouvelle dynamique à sa jeune et prometteuse carrière.

Le Témoin – Vous  avez chois d’intituler votre album « A new Day » (Un nouveau jour), pourquoi avez choisi cet intitulé ?
Carlou D -Il se trouve que j’ai grandi et mon public aussi. J’ai eu à voyager et à faire beaucoup de découvertes. J’aspire aussi à toucher le public international dans toute sa diversité. C’est pour toutes ces raisons que j’ai décidé d’appeler mon nouvel album «  A New Day ». Ce qui peut se comprendre comme un nouveau départ, une nouvelle envie, une nouvelle ambition. C’est aussi un titre qui évoque mes rêves et ma vision du futur. Voila un peu résumé tout ce que je peux dire sur la dénomination de cet album.

Vous avez fait appel à de nombreux artistes internationaux, comment avez-vous réussi à décrocher des sommités comme Andreas Unge et Eagle Eye Cherry?
Je dois dire que rien n’a été calculé. C’est simplement venu par le plus grand hasard. Je n’ai jamais imaginé un jour jouer avec Eagle Eye Cherry, le frère de Neneh Cherry. C’est sur un de ses titres qui passaient en boucle sur MTV vers les années 1998 que je l’ai découvert et je me délectais sans relâche de ses tubes.  Il se trouve qu’il a eu écho de ma musique et il a aimé. Au moment d’enregistrer, il a naturellement écouté et il est tombé sous le charme du morceau « Soldier » et  tout est parti de là. Il est venu spontanément poser sa voix. Rien n’a été programmé.

Comment avez-vous vécu cette nouvelle forme de collaboration avec des sommités ?
Je suis un Baye Fall  et je ne me fixe pas de limites. Cependant, je n’ai jamais imaginé un jour travailler avec Eagle Eye Cherry ou Andrés, c’est tout simplement un rêve qui s’est réalisé.

Certains vous reprochent d’avoir dénaturé votre musique, que leur répondez-vous ?
Je suis très curieux de nature et je refuse de me laisser enfermer dans  un carcan. Je fais de la musique et je joue pour tout le monde. J’ai appris énormément de choses au contact de ces gens-là. Mais je dois vous dire que rien ne m’a été imposé. Je joue ma musique comme je la sens et je n’attends l’avis de personne. C’est seulement les conditions de travail et les moyens qui ont changé et rien d’autre. J’ai envie de toucher le monde et je suis conscient que je peux y arriver grâce à ma musique. C’est l’essentiel pour moi.

La photo sur la pochette de votre album a suscité de nombreuses réactions, comment avez-vous réagi à ce tollé ?
Je dois dire que j’ai été surpris et je ne comprends pas bien ces Sénégalais qui aiment s’attarder sur des détails. C’est dommage que tout ce travail abattu soit réduit à ces considérations puériles. A l’origine, j’ai voulu avoir ce geste avec ma main pour faire savoir que Dieu est unique et que je ne crois qu’en lui. Au finish, on m’assimile à un franc-maçon et je ne sais quoi d’autre. C’est dommage et regrettable à la fois. J’avoue que j’ai eu du mal à comprendre tout ce bruit sur la toile. Je pense que les Sénégalais devraient penser plutôt à nous soutenir car nous travaillons pour notre pays. Je ne vais pas trop m’étendre sur le sujet et je laisse les autres juger.

Vous avez joué avec de très grands musiciens avec lesquels vous tournez beaucoup, qu’en est- il de votre groupe local ?
Il se trouve que, dans la vie, tout le monde aspire à progresser et à aller de l’avant. J’ai décidé de franchir une nouvelle étape et mes amis d’ici le comprennent très bien.  J’ai eu l’opportunité de jouer avec ces grands musiciens qui sont venus vers moi. Le niveau n’est pas le même et tout le monde l’a bien compris. Ils sont de tout cœur avec moi et ils seront toujours à mes cotés. Cependant, force est de reconnaitre que les niveaux ne sont pas pareils.

Est-ce à dire que vous avez lâché vos musiciens locaux ?
Il n’est pas question de  lâchage  mais seulement de nouvelles orientations. J’ai une carrière à gérer et je dois progresser. J’ai pu voir l’énorme fossé qu’il ya entre les deux mondes et j’ai fortement envie d’apporter ma pierre à l’édifice. Ce sont des  frères et ils comprennent bien ma démarche. Seulement, il faut se rendre à l’évidence, il n’ya pas photo entre les deux. Pour l’instant, je compte bien continuer à tourner avec ces musiciens blancs qui sont d’un autre niveau. C’est tout mon souhait.

Vous vous éloignez un peu plus du Sénégal, allez-vous  vivre en Occident ?
Là, je vous arrête tout de suite et de manière catégorique puisque, vivre en Occident, c’est la dernière chose que je ferai. Je ne vais jamais quitter mon pays et c’est très clair dans ma tête.

Combien vous a coûté cet album ?
Je ne saurais le dire mais je peux vous assure qu’on a dépensé énormément d’argent. J’ai dépensé sans compter car je sais que la qualité a un prix.Je suis conscient que je ne vais pas rentabiliser ce produit mais c’est le prix à payer.

Comment allez-vous le promouvoir?
Je vais continuer à faire des scènes  ici et ailleurs. J’aime la scène et le contact avec le public et je ne vais pas changer ma façon de faire. Je ne suis qu’au début du commencement de ma carrière et je réserve encore de nombreuses surprises aux Sénégalais et au monde.

Propos recueillis par : Fadel Lo
Article paru dans « Le Témoin » N° 1163 –Hebdomadaire Sénégalais (MAI 2014)

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