Dread Maxim à Coeur Ouvert: ‘ »Pourquoi j’avais disparu de la scène musicale… »

par | 2 août 2017 | Clips vidéos

Son absence de la scène musicale s’est fait sentir… Aussi, il n’est pas étonnant que son retour fasse du bruit. Dread Maxim signe ainsi son come-back après plusieurs années hors de nos frontières, avec un nouveau produit dont l’avant-goût est signé «Reggaevolution». En attendant de pouvoir livrer le reste aux férus du Reggae, il fait face à L’Obs. Toujours égal à lui-même, le bonhomme aux dreadlocks n’y va pas avec le dos de la cuillère pour aborder des sujets sensibles. Les rumeurs sur sa folie, la gestion du pays, ses croyances, tout y passe. Entretien !

SON ABSENCE : «C’était pour des raisons professionnelles et privées à la fois»

«Depuis 2010, je suis entre la Belgique, l’Italie et surtout la France. Mais c’est à partir de 2012 que je n’ai plus mis les pieds au Sénégal pour des raisons professionnelles. Parmi elles, il y a la recherche de la qualité musicale. Je suis allé à l’étranger pour perfectionner ma musique et offrir aux mélomanes ce qu’il y a de mieux. Et je ne regrette pas, car j’ai rencontré des structures comme «Reason studio», un label à Paris. Ils m’ont procuré ce que je cherchais pour mes fans. En outre, je voulais aussi jouer ma musique hors de nos frontières. J’ai fait pas mal de scènes en Europe. La plupart du temps, c’était avec un public familier qui me connaissait avant ou qui avait entendu parler de moi. Généralement, ils appréciaient beaucoup ma musique et donc mes prestations se déroulaient dans une bonne ambiance. Je peux même dire que les étrangers aiment et sont encore plus réceptifs à ma musique, puisqu’elle est ouverte. Le Reggae est une musique internationale. Par ailleurs, il y a aussi des raisons privées qui m’ont poussé à m’éloigner du Sénégal, pendant ces dernières années. Toutefois, je préfère les garder pour moi. Il ne s’agit, en aucun cas, d’un exil. C’est mon chemin que je suis en train de parcourir parce que je suis citoyen du monde. Je souhaite que le monde soit un village planétaire sans frontières. C’est donc une nécessité, une obligation de bouger et de voyager à travers le monde entier. Nous avons un message qui est destiné à tout le monde. Avec notre guitare, nous allons faire le tour du monde pour prêcher la bonne parole. Le voyage nous permet d’apprendre, d’acquérir de l’expérience. Quand on ne bouge pas, on a du mal à comprendre certaines choses. Maintenant que je suis de retour, je vais pouvoir donner à mon public le vrai son reggae dont il a besoin. Même si je sais que je serai amené à bouger hors du pays à cause de mon boulot, je ne serai tout de même pas absent aussi longtemps. Je ne désespère pas que mon public sera toujours là à m’attendre et à m’aimer. De toute manière, je ne suis pas dans une logique de perte ou de quête de public. Mon objectif est de semer une graine d’amour au cœur de l’humanité comme je le dis dans un de mes titres, «Musical life». Je fais de la musique pour partager des idées et une vision.»

SA CARRIÈRE MUSICALE : «Je fais vivre mon art et non le contraire. Parfois, il y a un sentiment de lassitude»

«Je vis mon art comme une mission. Toutefois, je fais vivre mon art et non le contraire. Je souhaiterais bien qu’un jour, mon art me fasse vivre. Parfois, il y a un sentiment de lassitude. On est un peu fatigué mais on trouve toujours suffisamment d’énergie pour revenir grâce à la flamme de la passion. Il m’arrive de reculer pour mieux sauter après. L’art nourrit mon âme et également mon corps. En un moment donné, j’ai fait plus de show que de business, alors que sans le business, le show a du mal à avancer. Mais trop de business tue le show. Il faut donc essayer d’équilibrer les deux. Maintenant, ce n’est pas toujours évident de vivre de son art. Mais puisque nous aimons ce que nous faisons, ce n’est que du bonheur. On n’a pas d’autres choix que de persévérer en poursuivant ses objectifs. D’ailleurs, avec «Reason studio», nous avons prévu de sortir l’EP (Extended Play, enregistrement musical qui contient plus qu’un single, mais moins qu’un album), comme cadeau de fin d’année. Le morceau phare, c’est «Reggaevolution sound». Le titre de l’EP sera «Reggaevolution time». Il sera composé de 5 titres en prélude à l’album qui aura 8 titres. Comme vous pouvez le remarquer, «Reggaevolution» est la contraction de reggae et de révolution. Le reggae est pour la révolution. On utilise cette musique pour le changement des mentalités. Dans l’immédiat, je prévoie de faire des concerts pour donner du plaisir aux mélomanes un peut partout à Dakar, à Mbour et aussi à Thiès…»

LES RUMEURS SUR SA FOLIE : «Je ne suis pas le plus fou…»

«Les rumeurs restent des rumeurs ! Dread Maxim fait partie des fous. Mais, je pense que je ne suis pas le plus fou. Non ! Je vois que les gens s’inquiètent de mon sort. D’ailleurs, j’ai parlé de la folie dans mes chansons. «Kan moy dof ?» (Qui est fou ?», pour dire que la folie frappe en plein milieu de l’intelligence. Ce qui est sûr, c’est que les fous sont parmi nous. La question à poser est donc : qui est le plus fou ? Pour ma part, je suis un humain. En somme, je suis un soldat. Je suis rasta. Je suis «baye-fall». Je suis encore autre chose. En tout état de cause, je ne veux pas d’étiquette, je ne veux pas dire que je suis Musulman, Chrétien, Juif… Je crois en l’existence d’un seul Dieu et j’essaie de ne pas faire partie d’une religion ou d’un clan, car ils sont sources de conflits. Tout ce que je peux dire, c’est que je suis croyant et j’essaie de faire du bien autour de moi. Il y a aussi des préjugés qui subsistent dans notre milieu qui font que beaucoup ont peur des reggaemen. Néanmoins, les mélomanes sont bien là. La demande est même plus forte que l’offre. Les producteurs ne mettent pas non plus, beaucoup de moyens dans cette musique qui marche mieux dans les pays anglophones. Ils préfèrent investir dans d’autres genres musicaux. En plus, il y a les sponsors qui refusent de nous accompagner. Ce qui empêche le développement de cette musique. C’est pourquoi beaucoup d’événements organisés enregistrent des flops. Pour contrer cela, il faudrait beaucoup plus miser sur la qualité et privilégier les soirées en live. Pour cela, je félicite les membres du «Timshel band», pour l’excellent travail qu’ils accomplissent.»

LA GESTION DU PAYS : «Macky Sall ne rassure pas. Il nous faut un homme qui rendra le pouvoir au peuple»

«Le continent souffre. Nous devons prendre conscience de nos forces et essayer de prendre la place qui nous revient dans le concert des nations. Je lance un appel aux dirigeants et à la jeune génération. C’est le moment ou jamais de le faire. Les élites doivent se donner à fond pour essayer de trouver des solutions à nos problèmes. Dans mes nouveaux titres, il y a un morceau intitulé «Sunugal». Dans cette chanson, je me demande, après les ports de l’esclavage, du colonialisme, à quel nouveau port allons nous larguer nos amarres ? Le Sénégal est une pirogue et je pense que notre pirogue ne fait que suivre aveuglément un grand paquebot qui avance et qui ne sait même pas où il va. Nous sommes en train de perdre notre identité pour adopter une autre. Alors que nous devons prendre conscience de nos valeurs et les préserver. Le monde a besoin de la diversité, c’est ce qui fait sa richesse. Nous continuons d’être des esclaves à cause de nos dirigeants et leurs complices. Cela me fait mal au cœur. La prochaine fois, il faut essayer de faire un meilleur choix, un homme qui rendra le pouvoir au peuple. C’est cela la démocratie. Jusque-là, la démocratie est une illusion. On fait croire aux gens qu’ils sont en démocratie, alors qu’il n’en est rien. Nous sommes dans un cercle vicieux. Rien n’a changé. Les actes qu’il pose ne me rassurent pas mais l’avenir nous dira s’il est un bon choix. En tout cas, les choses stagnent alors qu’elles doivent évoluer. Les politiciens sont tous pareils. Ils ne sont là que pour leurs propres intérêts. Il y a un déphasage total entre eux et les populations. J’ai l’impression qu’ils n’aiment pas leur pays…»

GFM MOR AMAR (STAGIAIRE)

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