Blee G.I Joe no 4: «C’est la promotion de la médiocrité dans ce hip hop Galsen. »

par | 22 mars 2013 | Interviews

Blee G.I Joe s’est lancé dans le rap vers les années 90, c’est tout naturellement qu’il fait parti des rappeurs oldschool du mouvement hip hop Galsen. Parmi les compilations ‘’Moytu’’, ‘’DK 2000’’ auxquellesil a eu à participer, Joe s’est faitplus remarquer dans ‘’Politichiens’’avec des textes engagés dans une période où poser ses idées à propos de la politique était un véritable risque. Retour sur une rencontre agréable au cours de laquelle Blee G.I Joe The number 4 nous parle de ses projets, de ce qui l’insupporte dans le ‘’Game’’ etc. Rencontre.
Dakarmusique.com : depuis votre morceau ‘’Djaraaf’’, les gens n’ont plus eu de façon régulière de vos nouvelles.
C’est tout simplement dû à mon voyage, je n’étais pas présent sur le territoire national, j’ai été en Europe durant sept bonnes années ; sept ans c’est trop long, c’est pratiquement l’infini même, c’est une mort artistique. C’est pourquoi je suis là pour faire du ‘’rebirth’’ en d’autres termes pour renaitre, je sais qu’avec cet opus qui sera bientôt dans les bacs, j’en suis capable parce que je fais bien cette musique.

Dakarmusique.com : comment jugez-vous l’évolution du hip hop Galsen?
Je me suis rendu compte malheureusement que ce n’est plus le mérite qui prime. Quand je suis revenu j’ai observé le terrain, et là j’ai su que tout est devenu différent. Au paravent, les gens étaient dans le hip hop juste parce qu’ils l’aimaient, ils en avaient la passion, maintenant avec la nouvelle génération d’animateurs, qui se prennent plus pour des stars que les rappeurs eux-mêmes, alors que sans les artistes les animateurs ne sont rien ; ils mettent des sons par complaisance, créent des conflits entre les rappeurs; tout ceci provoque des débats malsains et crée beaucoup d’animosité entre artistes, résultat ils tuent le rap, j’ai l’impression que c’est la promotion de la médiocrité dans ce hip hopGalsen.

Dakarmusique.com : pourrait-on dire que Blee G.I Joe is back ?
Oui bien entendu c’est moi qui vous le dit of course i’m back !

Dakarmusique.com : pouvez-vous nous parlez de votre prochain album ?
Cet album est intitulé ‘’Le roi droit debout’’ justement pour faire face aux défis de la vie parce qu’il y en a toujours à relever dans presque tous les domaines. Il sera composé de 16 titres où il y aura la participation de chanteurs comme : Ashley Meyer une artiste américaine, Cool Kok6, FlexiDjily, Hampaté du groupe Hampaté Sahel Blues ; les instrumentistes : le bassiste Laye Seck, Philipe Mayer un français qui joue de l’accordéon, Ousmane Sow claviste du Super Diamono, DembelDiop bassiste du Super Diamono, Doudou Konaré soliste du Super Diamono, YoussouKoutoudjo qui joue de la Kora. Grosso modo ca sera un album assez ouvert car avec le voyage que j’ai eu à faire, j’ai eu à être beaucoup plus mature musicalement.

Dakarmusique.com : ca sera un album thématique sur quoi ?
Bah comme d’habitude j’aborde les thèmes sociaux parce que je fais du rap conscient, et ‘’conscious rap’’ pour toujours, donc ça sera du social, de la politique, du national et de l’international, l’Afrique etc.

Dakarmusique.com : qu’est-ce qui vous donne ce flow ?
Coté flow c’est juste par rapport à la recherche musicale parce que j’ai grandi avec des grands-frères qui écoutaient les Sting, The Police, Phil Collins, Scorpions etc. avec ça j’ai eu à avoir d’autres vibes musicales selon les époques, des Naugthy  by Nature jusqu’à la génération des SnoopDogg. J’ai toujours eu à suivre le processus musical, avec les voyages, j’ai côtoyé l’ethnomusic etc. par rapport à tout ça forcément tu as la chance d’être musical.

Dakarmusique.com : dans votre morceau ‘’Mariama’’ vous vous battez contre l’excision.
Un ami italien était venu au Sénégal pour sensibiliser et même sponsoriser une jeune fille qui devait être mutilée, mais for heureusement grâce à lui elle ne l’a pas été, en contrepartie il a dit à la grand-mère de la fille qu’il allait s’occuper de cette fille en lui payant ses études et en subvenant à tous ses besoins jusqu’à ce qu’elle devienne majeure. J’ai été sensible à ce geste, et je me suis dit que si un toubab est capable cette grandeur d’âme alors moi qui suis sénégalais, je dois bien faire un morceau sur cela.

Dakarmusique.com : que dites-vous à la nouvelle génération de rappeur qui semble plus proches des USA que du Sénégal ?
Au paravent, étant jeunes rappeurs, je me rappelle qu’on était chez les Iba du groupe Rapadio, on était tout le temps dans une chambre à mettre un beat, à s’y poser pour des freestyles, à faire des improvisations etc. malheureusement les gosses d’aujourd’hui ne font que du copier-coller ; ils attendent que Lil Wayne sorte un truc pour automatiquement prendre le même flow, le même beat, ils l’écrivent en Wolof et soutiennent que c’est un tube. Ce n’est pas tout sérieux, à cela je crois que cette nouvelle génération de rappeurs n’a rien dans la cervelle parce qu’ils ne se documentent pas, ne s’informent pas, n’étudient pas or pour être un bon rappeur il faut avoir un minimum de bagage intellectuel.

Par Moustapha KORERA, DAKAR MUSIQUE
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