Comme restitué dans Le Quotidien N°3374, le concert de Davido n’a pas été celui des grands jours. S’il y a eu des problèmes constatés dans l’organisation du concert, il faudrait aussi rappeler que la taille du public présent n’a pas laissé indifférent, vu la popularité de l’artiste au sein de la jeunesse sénégalaise. Un constat qui mérite réflexions.
Un tour dans Le Quotidien N°3374 vous permettra de mieux comprendre cet article. En effet, des défaillances ont été constatées tant sur le plan organisationnel que technique lors du concert de l’artiste nigérian Davido. Revenir cette fois-ci sur la taille réduite du public, qui n’a pas répondu présent comme on s’y attendait, n’a aucun rapport avec la structure événementielle, initiatrice du «show». Au contraire, il s’agit de situer les défaillances pour servir de leçon aux acteurs du monde culturel.
Défaillances stratégiques dans la communication
«Pour résoudre un problème, il faut prendre le mal à la racine», dit un adage bien connu des Africains. Ceci, pour démontrer que le premier faux pas enregistré dans l’organisation de ce concert a été constaté au niveau de la stratégie utilisée pour communiquer autour de l’évènement. Les rumeurs circulaient depuis quelques semaines sur la venue de l’artiste nigérian au pays de la Teranga. Et des affiches annonciatrices avaient suivi ; lesquelles étaient visibles à différents carrefours de la ville de Dakar. Seulement que le message n’est pas vraiment passé ou n’a visiblement pas atteint le grand nombre, vu le nombre de fans ayant répondu présent à l’évènement (un peu plus de 500 personnes). Un chiffre qui mérite interrogations si l’on sait que l’artiste invité (Davido) est en forme en ce moment et qu’il a su rassembler par ses productions le public nigérian et une bonne partie de la jeunesse de la sous-région.
Pour info, Davido est l’un des rares artistes africains à être nominé dans neuf catégories entre 2013 et 2014 dans différentes disctinctions musicales internationales. Du coup, il est moyennement connu par la jeunesse sénégalaise. Il suffit de faire le tour des boîtes de nuit ou restaurants qui s’animent les soirs pour estimer le nombre de jeunes Sénégalais qui esquissent aisément des pas de danse à l’écoute de la musique du «chouchou nigérian». Ceci montre qu’il y a un problème.
Présentation tardive de l’artiste à la presse
C’est un secret de polichinelle. Même si les morceaux des musiciens de la sous-région ou d’ailleurs sont servis par les médias locaux, il ne faudrait pas perdre de vue le fait que le Sénégalais consomme très bien les morceaux locaux, au risque d’avoir peu d’égard aux tubes venus d’ailleurs. A ce titre, faire venir un artiste étranger et surtout d’un pays anglophone au Sénégal, sans associer la presse à temps, est un jeu trop risqué. Davido est arrivé en terre sénégalaise la veille de son concert, c’est-à-dire vendredi. Et il est présenté à la presse samedi midi, à quelques heures de son «show public». Pour quels effets si l’on sait que la présentation d’un artiste à la presse a pour but de permettre à cette dernière de véhiculer au maximum l’information ? L’artiste s’est juste prononcé chez le confrère Tfm samedi matin. Mais là aussi, c’est bien tard pour un concert qui se tiendra ce jour. «Il y a eu un problème de coaching au niveau de l’organisation. Ils sont passés carrément à côté de la communication et de la stratégie à adopter. On rassemble la presse samedi pour un Davido qui ‘’preste’’ en ce moment, sachant très bien que les activités tournent au ralenti dans les organes de presse les week-ends. C’est ça le résultat», a commenté un promoteur culturel présent au concert samedi et qui a requis l’anonymat. Autrement dit, la rencontre de Davido avec la presse aurait pu se passer plus tôt dans la semaine, pour que le message circule au maximum et fasse son effet. «Davido est beaucoup plus connu par les jeunes étrangers, les Nigérians, les Ghanéens, les Togolais, les Béninois, etc. Les jeunes Sénégalais ont leur Youssou Ndour, Canabasse, Waly Seck ou encore Pape Diouf pour ne citer que ceux-là. Et puisqu’ils consomment plus local, il faudrait associer la presse à temps, si l’on voudrait réellement rassembler beaucoup de monde lors de la visite d’un artiste qui ne fait pas du mbalakh», a ajouté la source suscitée.
Coïncidence du concert avec celui de Waly Seck
Voici également une réalité à laquelle l’organisation ayant œuvré pour la venue de l’artiste a été confrontée : La date du concert de Davido coïncidait avec la fin du périple de Waly Seck, un autre artiste local très adulé par le public. En effet, Waly Seck a débuté jeudi une série d’initiatives qui ont pris fin samedi avec un concert au Grand Théâtre national la nuit, presqu’au même moment que celui de Davido. Certes, les deux artistes produisent dans des genres musicaux diamétralement opposés. Waly Seck fait du mbalakh, qui est un style purement local, alors que Davido pourrait être classé dans la catégorie urbaine (hip-hop) mixée sur un bit dansant. Mais il se fait que les deux artistes produisent pour un même public : les jeunes essentiellement.
Sans surprise, le public a tranché. Le Grand Théâtre national a grouillé de monde samedi. Pour un concert qui se tiendra la nuit, la salle est investie déjà en debut d’après-midi. Ceci, malgré le fait que le prix d’entrée soit le double de celui de son confrère nigérian. «Le Sénégalais est prêt à tout pour suivre le concert de son compatriote. Cela, tout le monde le sait et les organisateurs devraient en prendre compte et changer de fusil d’épaule. Ils pouvaient engager une discussion avec l’organisation de l’autre côté (le groupe de Waly Seck, Ndlr) pour éviter que les deux concerts coïncident, de sorte à ce que le public puisse venir nombreux. Ou carrément, ils pourront récaler la date du concert. C’est tout un management», commente un promoteur du «Super Etoile» de Youssou Ndour.
Autant de problèmes sur le plan du «coaching» qui pourraient expliquer le nombre «chétif» de fans de l’artiste ayant répondu présent samedi dernier en tenant compte de sa cote de popularité au sein de la jeunesse locale et étrangère. La réussite du «show» présenté par l’artiste hier à la boîte de nuit «Faro night club», même si le prix était le double du concert, n’a rien à voir avec cet article puisque ce cadre est majoritairement fréquenté par les Nigérians vivant au Sénégal. Bref, cette réussite est juste une confirmation, vu les sous dépensés tous les jours que Dieu fait dans ce cadre par les concitoyens de Davido.
Le Quotidien via Piccmi.com