Webster est rappeur qui incarne et assume les deux cultures sénégalaise et québécoise dont il est le produit. Il est connu au Québec pour avoir, cela durant toute sa carrière, combattu le racisme dans toutes ses formes. Présent au Sénégal grâce à l’Ambassade du Canada en coopération avec l’Association Africulturban dans le cadre des activités de la Francophonie, Webster s’est prêté au jeu des questions et réponses avec Dakarmusique.com. Entretien.
Dakarmusique.com : quelles sont vos premières impressions après avoir marché sur le sol du pays ?
Ah ça fait toujours plaisir ! à chaque fois que je descends de l’avion, la première bouffée d’air, ça fait toujours le même effet ; l’odeur, l’humidité et la chaleur que ça me rentre, je me sens trop bien, car je suis dans mon second chez moi.
Dakarmusique.com : étant vous-même le fruit de deux cultures différentes (senequeb), entre Aly Ndiaye et Webster vous vous retrouvez ?
Au bout de la ligne oui ! Vous savez le métissage est une belle chose, mais c’est une chose qu’il faut savoir vivre, là-bas je suis vu comme un néré et ici comme un toubab. Tu es nulle part chez toi, toutefois tu dois être partout chez toi, il y a beaucoup de métisses qui n’encaissent pas cela, mais moi e suis terrien, je suis bien sur la terre, j’embrasse autant le Sénégal que le Quebec qui sont mes deux cultures.
Dakarmusique.com : dans la pérennité, parlant d’être vue blanc ou noir, vous avez toujours combattu le racisme.
Oui absolument, du fait même que je l’ai vécu, à notre époque c’est une chose qui ne doit plus exister. Quand j’étais jeune, c’est une chose qui me fâchait, mais aujourd’hui, quand j’entends quelqu’un de raciste je plains cette personne, car c’est quelqu’un de tellement ignorant, pire encore ce dernier risque de mourir comme ça.
Dakarmusique.com : de tous vos albums, de Winter walk Northern X à A l’ombre des feuilles, lequel pensez être le plus abouti ?
J’estime que mon dernier album « A l’ombre des feuilles » est le plus abouti de mes albums, je le dis en me basant sur mon écriture. Sans être présomptueux, c’est vraiment là où je m’exprime vraiment en français ; vous voyez avant je rappais en anglais pendant 8 ans, et 11 ans en français, « A l’ombre des feuilles », c’est vraiment je raconte tout ce qui reste et j’y vais plus loin.
Dakarmusique.com : votre dernier s’intitule l’ombre des feuilles pourquoi ce nom ? Ne serait-ce pas précaire de s’abriter à l’ombre des feuilles ?
En fait, il y a plusieurs références ; sur la pochette de l’album, si on regarde bien la superposition des feuilles, on voit mon profile à travers les feuilles, et ça fait référence à toutes les feuilles que j’ai noirci de mon encre. En plus de cela, ça fait référence à l’arbre à palabre, en dernier lieu ça fait référence à un manuel de samouraï « Agakure », qui veut dire à l’ombre des feuilles.
Dakarmusique.com : vous présentez votre dernier opus l’ombre des feuilles comme « une ode à l’écriture et au hip-hop littéraire », ne serait-ce pas tôt de célébrer le hip hop si l’on présume que les démons que vous combattiez n’ont pas totalement disparu ?
Non ! C’est juste que je suis plus vieux, j’ai commencé à rapper j’avais 15 ans, la j’en 34, ma manière de voir les choses change et j’évolue. Dans ma vie j’ai beaucoup rappé à propos de choses négatives, maintenant je veux me concentrer les positives, d’ailleurs qui peut faire avancer les choses. Si tu dénonces, amène une solution, si tu pointe du doigt, sois aussi capable de pointer le doigt vers toi.
Dakarmusique.com : je ne sais si vous vous en rappelez, dans la chanson Est. 1995, vous lâchez la métaphore et même si l’on veut la puncheline « Même meurtri on s’en sort / Comme un rôle de John Wayne », que voulez-vous dire par la ?
John Wayne dans ses films de cowboy il se fait maltraiter mais il s’en sort, dans la vie, dans le rap, on se fait maltraiter mais faut se battre.
Dakarmusique.com : mot de la fin ?
Je dis aux gens du Sénégal « NioFaar » !
Moustapha KORERA, DAKARMUSIQUE.COM
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