Vieux Mac : « j’ai choisi la voix de la musique et non la voix commerciale »

par | 19 mars 2009 | Interviews

Vieux Mac : « j’ai choisi la voix de la musique et non la voix commerciale »
Boubacar Faye, alias Vieux Mac Faye,a fait ses armes au Diamono, devenu Super Diamono creuset et point de passage de grandes voix de la musique sénégalaise comme Ismael Lô, Moussa Ngom pour ne citer que ceux là.C’est après un début d’étude universitaire en droit où l’un de ses professeurs lui donne une note « désastreuse » que sa carrière de guitariste débute vraiment. Pour se consoler de cet « humuliation » Vieux Mac Faye s’enferme plusieurs mois dans sa chambre avec sa guitare.

Il fréquentera ensuite les boites de nuit et forme le « Sabar Tam » avec le percussionniste non voyant Pape Niang. Il a aussi travaillé avec des artistes comme Ismael Lô ou Cheikh Lô comme arrangeur ou guitariste. En 1989 il forme le groupe « Mac Tanor Band » d’où sortira plus tard un nouveau style appelé « Joolof blues », un cocktail de mélodies africaines accordées au jazz.
Dakar Musique : Parlez-nous de vos débuts dans la musique ?
Vieux Mac Faye : Je suis un artiste issu d’un milieu artistique ; mon père était professeur de musique mais il n’a jamais aimé que ses enfants chantent. En effet à cette époque la musique avait une connotation négative du fait qu’elle était assimilée à la débauche : alcool, stupéfiants etc.
Mon grand frère Adama FAYE a été notre précurseur en ce sens qu’il était le premier à abandonner ses études pour faire de la musique et surtout de la musique sans débauche qui a été et qui continue d’être notre challenge dans ce milieu. Chose jusqu’à présent accomplie avec la grâce de Dieu et une bonne éducation de base.
J’ai fait des études jusqu’en deuxième année de droit à l’université Cheikh Anta DIOP de Dakar. En deuxième année suite à une très mauvaise note que j’ai reçue d’un de mes professeurs sur ma matière principale qui a fait que j’ai été renvoyé de la faculté des Sciences Judiridique et Economique. Cela a été une période difficile dans ma vie, pour cause je me refugiais tous les jours dans ma chambre avec ma guitare qui était ma seule consolation, je ne la quittai que pour sortir manger.
Puis je jouai dans les orchestres et dans des hôtels de la place de 19h 30 à 23h. Je me rappelle mon premier cachet de dix mille (10000) de francs CFA m’a posé énormément problème car je n’avais jamais eu autant d’argent et j’ignorai où aller dépenser toute cette somme à l’insu de mes parents, chose qui n’était pas du tout possible. C’est ainsi que j’ai continué à jouer jusqu’à ce que mon ami Ismaël LO me propose d’aller avec lui en France où nous avons beaucoup évolué jusqu’à ce que mon père me persuade de faire un concours d’entrée des greffes et un peu plus tard il m’appelle depuis le Sénégal pour m’informer que je suis admis. Je n’étais pas enthousiaste de la nouvelle mais je rentre de Paris pour venir faire la formation de deux ans puis travailler.Dakar Musique : Depuis un certain temps on vous voit de moins en moins sur la scène musicale sénégalaise. Cela est du à quoi ?

VMF : Je joue tous les soirs du lundi au dimanche. Seulement j’ai choisi la voix de la musique et non la voix commerciale. Moi je jouerais gratuitement par amour de la musique. Comme le jazz et le blues sont mon style de musique, je suis donc plus écoutés par les étrangers et les expatriés sénégalais.Dakar Musique : Que pensez-vous de cette nouvelle génération de musique : Mbalax, Rap etc. ?

VMF : Je trouve que certains genres musicaux sont plus commerciaux que d’autres mais j’ai été agréablement surpris de voir que des jeunes s’intéressent de plus en plus à la World musique et à l’acoustique qui sont très bien élaborées. Au concours WAPI sur six cent (600) candidats six (06) seulement faisaient du mbalax par exemple.Dakar Musique : Depuis un certain temps on voit des enfants de chanteurs de votre génération sur la scène musicale. Vous avez-vous aussi un enfant chanteur ou musicien ?

VMF : Oui effectivement y’a mon fils ainé qui aime la musique, il joue le Kipwod.Dakar Musique : Quel est votre mot de la fin ?

VMF : Je souhaite escorter les gens à aller vers l’économie de la musique. On ne peut vivre sans avoir son opinion sur ce qui se passe ça ne sert à rien de s’isoler. Dans mon album je parle de l’Afrique qui a besoin de ses forces pour vivre et cela ne peut être qu’avec l’Union Africaine à l’égard des grands ensembles économiques comme l’Europe et l’Amérique. Il faut que les africains pensent africain et aillent de l’avant grâce à une union des cœurs qui est un impératif pour sortir du sous développement.
L’Equipe Dakar Musique

La Galerie de Vieux Mac FAYE


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Photos Felix VON SCHEFFER

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