Si la salsa sénégalaise m’était contée…

par | 9 juillet 2010 | Webnews

L’orchestre « Pape Fall et l’African salsa » célèbre ce samedi 10 juillet 2010 les 50 ans de l’indépendance du Sénégal et ses 15 ans d’existence. Au programme : une série d’activités dénommée le « Grand Bal du cinquantenaire ».

En prélude à la soirée de gala du samedi 10 juillet 2010 organisée par le groupe « Pape Fall et l’African Salsa » à la Maison de la Culture Douta Seck, une conférence publique a permis, mercredi dernier, de réfléchir sur le thème : « La musique salsa, des indépendances à nos jours ». Pour Racine Senghor, directeur des Arts, qui présidait la rencontre, la salsa est un patrimoine national, africain et mondial. « Ce genre musical est une image, un son, un rythme, un contenu qui a contribué à forger des caractères, des tempéraments d’une catégorie de la population sénégalaise », a-t-il souligné. Dans un rappel historique, le salsero Djibril Gaby Gaye estime que ce style musical a fait ses débuts au Sénégal en 1920. « Le Sénégal a joué un rôle-clé en termes de convergence et de carrefour culturel, notamment après la seconde Guerre mondiale », a-t-il relevé. Ainsi une ville comme Saint Louis, ancienne capitale de l’Afrique occidentale française, de la Mauritanie et du Sénégal, a été un réceptacle des influences cubaines.

C’était l’époque des fameux 78 tours. Comme en de nombreux autres endroits du continent africain, ces disques vinyles en microsillons de la fameuse série GV, parus entre 1933 et 1958, ont eu au Sénégal un impact déterminant sur l’orientation et le développement de la scène musicale. Lancés par His Master’s Voice (la voix de son maître, un label britannique au logo reconnaissable avec un chien devant un haut-parleur), ces 250 enregistrements pressés à bas coût étaient destinés au marché africain afin de susciter une demande locale et, ainsi, créer de nouveaux débouchés pour l’industrie du disque. Au Sénégal, d’autres facteurs ont conduit à une évolution différente de la musique afro-cubaine. La présence de soldats américains stationnés à partir de 1942 à Dakar, Thiès et Saint-Louis, a ouvert de nouveaux horizons. Diffusé par la radio Voice of America (la voix de l’Amérique), le jazz a été adopté par de multiples formations qui se sont créés dans les années 1950 : le Sor Jazz, le Saint-Louisien Jazz, l’Amicale Jazz… C’est à cette période que sont apparus les premiers orchestres professionnels, propriétaires de leurs propres instruments, selon Massamba Diallo dit Mass, un autre salséro qui note que cette époque était caractérisée par une absence d’industrie musicale.

GROUPE EMBLÉMATIQUE

Le rapprochement avec la culture américaine, en cette période de pré-indépendance, qui est aussi une façon de se détacher de l’influence de la France, permet l’arrivée de la salsa sur le continent africain. C’est en effet à New-York que la musique cubaine a pris une nouvelle forme. De l’autre côté de l’Atlantique, bien que les chanteurs reproduisent souvent de façon phonétique les textes en espagnol, l’engouement dépasse le simple phénomène de mode importée. Le souvenir de cette époque est aujourd’hui très présent à travers l’existence du groupe « Africando », l’enregistrement, il y a quelques années, du projet « Los Afro-salseros de Sénégal en la Habana », le documentaire « Sénégal Salsa » de feu Moustapha Ndoye, etc. Le groupe « Star Band », une formation emblématique de ce mouvement, se produit pour la première fois le 3 août 1960.

Considéré comme un des pères fondateurs de la musique sénégalaise moderne, Ibra Kassé avait eu l’idée de transformer le Miami, le restaurant branché qu’il avait ouvert à son retour de France, en un club où jouerait un orchestre résident. Fusion du Guinéa Jazz et du Tropical Jazz, le Star Band s’installa dans cet endroit qui devint un haut leu de la vie nocturne dakaroise. Le groupe réunissait la plupart des meilleurs musiciens de la capitale, à l’image du saxophoniste nigérian Dexter Johnson ou du chanteur Emmanuel Gomez. Ce dernier réapparut dans la décennie suivante sous le nom d’Umban Ukset lorsqu’il participait à l’aventure du West African Cosmos avec Wasis Diop. Puis le chanteur gambien Laba Sosseh, personnage-phare de l’afro-salsa, rejoignit les rangs du Star Band.

Véritable institution musicale du pays, cette équipe de choc a joué un rôle déterminant dans l’épanouissement de la musique moderne au Sénégal, donnant naissance à de nombreuses autres formations, survivant aux scissions et au renouvellement incessant des effectifs jusqu’à la fin des années 1970. Sur la liste de ceux qui ont fréquenté cette « école » figure un certain Youssou Ndour. Aujourd’hui, estime Mass Diallo, la salsa a connu un très grand développement avec des célébrités comme Balla Sidibé, Mar Seck, Pascal Dieng ou Pape Fall, actuel leader de l’African Salsa. Le chroniqueur de salsa ne tarit pas d’éloges à l’endroit de ce dernier : « Plus qu’un musicien, Pape est un maestro doté d’un charisme et d’une élégance artistique certains », résume-t-il.

EL HADJI MASSIGA FAYE

Source : lesoleil.sn

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