Rokia Traoré, artiste musicienne malienne : « En Afrique, tuer est devenu une banalité »

par | 27 février 2012 | Africa News

Entre tradition et modernité, Rokia Traoré trace un chemin particulier dans la création africaine et malienne en particulier. Si elle ne renie pas du tout ses origines, elle adapte sa musique à son temps et à ses préoccupations sans à priori ni contrainte. Elle mène sa barque avec maestria et talent, parcourant le monde inlassablement pour présenter sa musique… Après sa prestation sur la scène Da Monzon lors de la 8ème édition du  festival sur le Niger, elle a donné une conférence de presse pour donner des explications sur son projet Roots. Elle a aussi donné son point de vue sur la situation sécuritaire en Afrique en général et au  Mali en particulier.

Rokia Traoré est née en 1974 dans la région du Belédougou au Mali, près de la frontière mauritanienne. Mais son enfance se déroule au fil des affectations de son père diplomate. Rokia évolue donc dans un milieu très protégé qui mêle tradition et modernité, en particulier au niveau musical. Son père pratique le saxophone et ses sœurs pratiquent le chant traditionnel dans les cérémonies familiales. Quant à la jeune Rokia, elle écoute du jazz (comme son frère), du blues (comme son père) et tout ce qu’un adolescent du monde occidental écoute dans les années 70 et 80. N’étant pas issue d’une famille de griots, la modernité musicale n’est nullement un tabou dans sa famille.

Le projet   »Roots »

L’idée est venue de Rokia de créer  un projet de reprises de  »classiques » entre deux albums.  » Je voulais  rassembler mes classiques  »à moi » : aussi bien du reggae que des chansons en Bambara ou de la chanson française. Je voulais obtenir une homogénéité, ne pas faire pot-pourri. J’ai réarrangé ces morceaux de manière à faire entendre ce que moi j’entends  » a expliqué la chanteuse. Le projet  »Roots » est également lié au fait qu’elle cherchait des projets pour sa fondation  »Passerelle’  car, selon elle, plusieurs collaborations prévues n’ont pas pu être réalisées.

Créée il y a deux ans, la fondation Passerelle a pour objectif d’apporter une aide plus structurée aux jeunes qui viennent de son pays, le Mali. « J’ai créé cette fondation  afin d’aider les jeunes de 18 à 35 ans. Cela ne concerne pas seulement les musiciens, il y a des menuisiers pour créer un théâtre, des techniciens de son… Le but est d’offrir également une structure d’accueil pour des associations étrangères qui viennent au Mali. Il existe aussi au sein de la fondation, une formation à la technique de chant. C’est une manière de réaliser une sélection parmi les artistes. J’ai gardé les dix meilleurs pour continuer au sein d’une chorale. Cette formation aura lieu tous les cinq ou six ans car je me suis aperçue qu’il n’y avait vraiment pas beaucoup d’opportunités au Mali. Je ne veux pas laisser ces artistes sans rien après la formation. C’est pour cela que trois d’entre eux m’accompagnent sur le projet Roots en Europe. J’aurais aimé être avec les dix mais les frais en matière de billets d’avion sont importants. Le but de Roots est également de récupérer des fonds de manière à ne pas dépendre des subventions  » a-t-elle martelé.

Vu les troubles qui se passent un peu partout en Afrique, Rokia s’est exprimée. Celle qu’on connait par son franc- parlé a déclaré être sidérée par ce qui se passe dans son continent et, bien évidemment, dans son pays, le Mali. «C’est tout simplement inhumain» a-t-elle déclaré avant d’ajouter:   » J’exhorte mes frères et sœurs à s’informer  chaque fois avant de faire des déclarations car je me rends compte que les gens se retrouvent autour du thé et empoisonnent nos sociétés avec des intox. Ce pays nous appartient à tous et si jamais ça brûlait, nous mourrons tous. Nous devrions faire très attention avec ce qui sort de nos bouches car une parole mal placée peut incendiér toute une nation. Quand on écoute les commentaires des uns et des autres, on dirait que tuer est devenu une banalité en Afrique. Il faut mettre fin à cela « . Elle a enfin rappelé aux dirigeants africains que les citoyens n’ont besoin de rien d’autre que la paix.

Clarisse NJIKAM

Source : Bamako Hebdo via Maliweb.net

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