Didier Awadi se prononce à propos de la candidature d’Abdoulaye Wade: « Wade connait la loi, les règles et la Constitution. On attend de lui qu’il sorte par la grande porte »

par | 24 décembre 2011 | Chroniques

Présent à Bamako le week-end dernier dans le cadre de la 8ème édition du festival de Nyamina, le rappeur engagé, Didier Awadi, s’est prêté aux questions de L’Indépendant-Week. Dans cet entretien, l’artiste nous donne son point de vue sur les récents événements survenus en Afrique, sa vision sur la démocratie en Afrique sans oublier la situation socio-politique  de son pays qui est le Sénégal.

‘Indépendant Week-end : Quelles sont les raisons de votre présence au Mali ?

Didier Awadi : Je suis venu à Bamako pour répondre à une vieille invitation de Souleymane Cissé, promoteur du festival de Nyamina. Il y a plus d’une dizaine d’années, on s’était vu à New York où il a souhaité que je vienne participer à ce festival. Chose promise, chose due, me voilà. Je suis très content d’être à Bamako qui est une grande capitale de la culture africaine  pour venir travailler avec l’un des plus grands cinéastes africains. Et c’est ma toute première participation qui est pour moi un moment important. Je suis très content de l’honneur qui m’a été fait d’être invité à cette messe du cinéma africain.
Etes-vous présent en tant que réalisateur ou artiste ?

J’étais là  en tant que réalisateur. Le film que j’ai présenté est  »Le point de vue du lion ». C’est un film documentaire dans lequel figurent de nombreuses personnalités africaines telles que Aminata Dramane et Adama Samassékou. Dans ce film, ce sont des Africains qui donnent leur point de vue sur les causes réelles de l’immigration. Durant ces dernières décennies, on a vu pas mal de mouvements migratoires en Afrique. On a essayé de décortiquer, 50 ans, après les indépendances ce qui n’a pas marché pour que les jeunes dégoutés veulent tous partir.

Pourquoi avez-vous choisi le thème de l’immigration ?

On est parti du thème de l’immigration mais pour questionner nos indépendances et les raisons de l’échec des politiques. Le thème de l’immigration était un alibi pour évoquer d’autres problèmes.

Vous, en tant qu’artiste engagé, quelle appréciation faites-vous des récents événements en Afrique ?

Mon point de vue sur toutes ces situations est:  plus jamais trois mandats en Afrique et que la démocratie ne doit pas rester un projet mais plutôt une réalité comme au Mali. Je crois que le Mali est en train de nous donner une leçon de démocratie en Afrique, comme le Cap Vert et le Ghana. Je suis très intéressé par cette question, raison pour laquelle je suis allé en Tunisie pour voir comment marche la démocratie après la révolution du 14 avril et en Côte d’Ivoire pour m’imprégner de la situation après la crise post-électorale. Ensuite, j’irai en Egypte au mois de février pour analyser la situation. J’ai besoin de comprendre pourquoi toutes ces crises en Afrique. J’aime mon continent et, Dieu merci, j’ai la chance de voyager donc je parcourrai mon continent pour aller au cœur des événements afin de les comprendre. Je crois qu’il y a un vent qui se lève qui s’appelle démocratie, alternance, développement  auquel tout le monde a droit.

Et au Sénégal ?

La situation au Sénégal est que le président actuel, qui a déjà fait deux mandats, veut faire un troisième.  Nous, ce qu’on dit est qu’on ne veut pas d’un troisième mandat au Sénégal pour un candidat qui qu’il soit. On veut le respect de la Constitution car personne n’est au-dessus de la loi.

Et si le président refusait de partir ?

S’il n’accepte pas de partir, nous utiliserons tous les moyens existants pour lui faire comprendre que nous ne sommes pas d’accord avec sa décision. Nous utiliserons des moyens tout en restant dans le cadre de la légalité. Nous ne ferons rien d’anticonstitutionnel, nous lui demandons de respecter la Constitution.

Raison pour laquelle vous avez décidé de soutenir le mouvement Y’a en marre ?

Bien sûr. C’est un mouvement qui fait beaucoup de travail, un vrai travail constructif d’éveil de conscience que je suis avec beaucoup d’intérêt. Ils sont sur le terrain et ce sont des jeunes qu’il faut beaucoup encourager dans leur lutte.

Quelle est l’actualité d’Awadi ?

Je prépare actuellement un maxi album de six titres assez politiques qui parlera de la situation électorale du Sénégal afin de préparer les électeurs à faire un bon choix et  l’assumer. Il faut que chacun prenne la responsabilité historique d’aller voter, ce qui est un devoir. Et surtout, s’ils vont voter de faire le bon choix pour  que le choix ne soit pas par défaut ou par dépit. Donc, j’appelle à des élections apaisées raison pour laquelle nous ne voulons plus que Wade se représente. S’il lui faut choisir quelqu’un dans son camp, même pour le soutenir s’il le veut, là il n’y aura pas de problème. Actuellement, nous sommes inquiets de l’insistance avec laquelle que le président Wade veut se présenter. Je pense qu’en tant que grand intellectuel, un démocrate et un juriste de formation, Wade connait la loi, les règles et la Constitution. On attend de lui qu’il sorte par la grande porte.

Bandiougou DIABATE

Source : L’indépendant via Maliweb.net

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