DarajiFamily : « Nous sommes au devant de la scène pour agiter et revendiquer cette africanité qui n’est pas qu’utopique. »

par | 13 décembre 2012 | Interviews

Comment appelle t-on le premier groupe de rap sénégalais à amener des trophées de l’extérieur  et à être disque d’or ?  Sans équivoque il se nomme Daraji Family. Daraji a été aux balbutiements du mouvement hip hop sénégalais, leur pierre à l’édifice Rap avait valu au Sénégal d’être la 3eme nation du rap au monde. Daraji Family a bien voulu accorder une interview à Dakarmusique.com avec comme interlocuteur Ndongo J. Au cours de l’entrevue il reviendra sur leur musique, leur engagement panafricain, sur leur avis sur le mouvement hip hop. Entretien.

Dakarmusique.com : qu’est-ce que vous dites en premier aux internautes de dakarmusique.com ?
Je suis très honoré que vous ayez porté votre choix sur nous pour cette  interview. Nous sommes des très connectés sur la toile et c’est essentiel pour le développement de l’artiste. Ce soir je suis avec dakarmusique.com et c’est un plaisir, j’ai toqué  à porte et me voilà (rires).

Dakarmusique.com : Daraji Family, des vieux de la vieille, une légende, qu’est-ce que ça vous inspire comme réflexion ?
Ce que cela nous inspire c’est de continuer à travailler sachant que rien n’est jamais  acquis. Utiliser le mot légende c’est un peu lourd pour nous, mais nous l’acceptons quand même parce que nous représentons quelque chose dans ce pays ; nous avons marqué pas mal de gens et beaucoup de générations également.

Dakarmusique.com : à vous écouter on s’aperçoit que vous avez un sens très fin de la mélodie.
Nous sommes très musical dans ce qu’on fait parce qu’aujourd’hui personne ne peut présenter une musique venant d’Afrique ou d’ailleurs sans une mélodie soutenue. Nous avons opté pour une direction musicale pour pouvoir internationaliser notre musique, la mélodie c’est le premier facteur à amener l’auditeur étranger à capter et à s’intéresser à  notre vibe même s’il ne comprend pas Wolof. C’est ainsi qu’on a évolué depuis le début de notre carrière, de plus il faut noter qu’on a un chanteur dans le groupe Fada Freddy qui est connu pour sa dextérité mélodieuse, en plus de ça c’est un musicien hors pair ce qui fait que toutes nos compositions passent par sa main, naturellement je me mets dans cette lignée quoique je sois plus rap.

Dakarmsusique.com : on vous traite de bêtes de scène.
Non ! Nous sommes des gentils de scène (rires). C’est juste pour vous dire que nous aimons la scène en fait, et nous commençons à aimer ce que faisons sur scène, parce que là il y a une interactivité énorme avec le public. C’est qu’on a aussi une expérience scénique ce qui fait qu’on améliore à chaque fois ce que fait sur les tréteaux. Aujourd’hui on ne peut pas compter dix artistes de scène sans citer DarajiFamily.

Dakarmusique.com : Daraji à résister à l’usure des temps vue que vos productions sont de plus en plus innovantes ?
Le secret c’est de se dire que nous n’avons encore rien fait, Daraji c’est quinze ans de carrière, mais  nous nous disons toujours que nous sommes des débutants ; depuis la scission qu’il y a e avec eu avec Lord Aladjiman, la reprise de  DarajiFamily avec Fada, on s’est un peu revigoré, et l’on s’est acharné au travaille, on ne lâche pas l’affaire c’est cela qui fait qu’on est encore présent plus que jamais.

Dakarmusique.com : êtes-vous satisfait du hip hop Galsen ?
J’entends souvent des trucs très  intéressants au niveau de la démarche, au niveau de l’approche qu’ils ont pour décrier certaines choses. Les rappeurs se débrouillent pas mal, ceux de la banlieue comme ceux des régions bien qu’on ne parle pas d’eux souvent, moi je trouve qu’il y en a certains qui font de bonnes choses, ce qu’il y a à déplorer  c’est qu’il y a le coté poétique  qui manque, et qui a tendance à disparaitre à cause de l’urbanisation de la musique ; tout le monde veut être technique et y va avec des punchelines etc. des fois ça a tendance à enlever le coté charme poétique.

Dakarmusique.com : comment fais t-on un tube ?
Quand on écrit avec le cœur à coup sûr ça touche, ça veut dire que c’est un tube ; maintenant il y a beaucoup de paramètres : medias, promo, l’image de l’artiste etc. il y a tout ça qui joue. Mais quand on  travaille, on se ne dit pas qu’on va faire un tube, on se dit qu’on est là pour faire  de la musique et pour kiffer.

Dakarmusique.com : panafricanisme et  égyptologie dans vos chansons pas banales ?
Les temps sont durs pour les africains parce qu’on est de nos jours l’enfant perdu du monde. Aujourd’hui il faut l’avouer l’Afrique occupe la dernière position du peloton. Le monde est régi par le business, par le capital, par la monnaie or il semblerait que nous sommes les plus pauvres,  alors qu’au départ  quand on relit l’histoire nous avons contribué de façon incontestable  à l’édifice de l’histoire de l’humanité. Comment ça se fait que nous ayons des richesses  plus que quiconque et en même temps que nous soyons pauvres ? Bah nous, nous sommes au devant de la scène pour agiter et revendiquer cette africanité qui n’est pas qu’utopique.

Dakarmusique.com : un conseil au jeune Mc qui veut vous ressemblez.
Il faut avoir un objectif et faire tout pour l’atteindre quoi qu’il advienne.

Moustapha KORERA, dakarmusique.com
[email protected]

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