Amy Colle Dieng : « les sénégalais en ont marre de se faire défoncer les tympans avec du « run dung dung »».

par | 27 mai 2013 | Interviews

Artiste charismatique, Amy Colle Dieng s’est imposée dans le monde la culture sénégalaise avec son premier album « Defar Bamou Bakh » qui a marqué tous les esprits. Dans la continuité et au sommet de son art, elle revient avec un second opus « Maturité » qui marque une autre étape de la vie artistique de l’artiste. Dans cet entretien avec Dakar Musique, Amy Colle Dieng dit tout sur son nouvel album.

Dakarmusique.com: votre premier album « Defar Bamou Bakh » avait fait sensation auprès des mélomanes, qu’avez vous retenu de cet album ?
Je retiens que cet opus m’a permis de me faire découvrir et connaitre par tous les sénégalais, par le monde entier. Il m’a également permis de comprendre beaucoup de choses, j’ai pu faire plaisir aux fans grâce à cet album ce qui fait que c’est une fierté pour moi.

Dakarmusique.com: après vous êtes restées sept longues années avant de sortir un nouvel album, pourquoi cette longue absence ?
C’est bien de prendre du recul de temps en temps pour mieux sauter et tel est mon cas. C’est valable pour tout travail, une fois que le chemin se brouille, il faut prendre ses distances vis-à-vis de la chose et ce n’est que de la sorte que nous pourrions mieux la circonscrire et cerner les différents contours. En d’autres termes donc,  j’avais signé un contrat avec la famille de Youssou Ndour à savoir le Djololi Production. Une fois que  la durée du contrat est arrivée à son terme, un bilan de parcours s’imposait et je me suis mis à attendre.  Par la suite, avec la volonté de Dieu, j’ai un nouveau label Hollandais avec qui je travaille qui est le Dub Records Production.

Dakarmusique.com: est-ce que vous avez été déçue du travail effectué par le premier label au point d’aller voir ailleurs pour votre second album?
Non non non !!! L’album que j’ai sorti avec eux a été très bien apprécié des mélomanes mais la musique demande une certaine ouverture d’esprit, un apprentissage continuel etc. au Sénégal nous ne connaissons que le mbalakh et tout artiste veut s’ouvrir vers d’autres horizons pour faire plaisir aux siens. C’est pourquoi j’ai choisi de travailler avec Dub Records Production pour mieux internationaliser ma production.  Et il ne faudrait surtout pas oublier que les sénégalais sont de vrais connaisseurs de la musique, ils sont très ouvert à ce qui se fait de mieux partout à travers le monde et personne ne peut les tromper. Notre musique est presque à l’agonie et si tu essaies de faire de la variété tout en s’ouvrant sur l’international, tu peux ne pas tomber dans cet abime. C’est pourquoi j’ai fait un mixage des sonorités africaines et internationales  pour créer une mélodie spécifique que les mélomanes pourront découvrir dans cet opus.

Dakarmusique.com: vous revenez en force après cette longue absence avec un opus « Maturité ».  Pourquoi « Maturité » ?
Je suis un artiste est je figure dans le milieu du show biz, et ce dernier est d’une complexité telle que  tu ne peux pas le saisir d’un coup. Ce n’est qu’avec le temps et l’expérience qu’on arrive à percer les mystères de ce monde impitoyable dans lequel toute erreur est fatale et se paie cash. En plus de cela, si nous parvenons à ne pas nous cantonner dans les limites de nos frontières en s’ouvrant dans la même veine à ce qui se fait de mieux ailleurs, c’est la preuve formelle que nous sommes devenus matures. J’ai fait appelé cet opus « Maturité » parce que je suis devenue mature tant sur le plan de l’esprit que sur le plan de la production musicale.

Dakarmusique.com: comment se manifeste cette « Maturité » dans le nouvel album ?
Cette maturité se manifeste de  par la différence des styles musicaux; j’ai fait du mbalakh, du funk, de la musique mandingue, de l’acoustique, de la musique cubaine etc. par exemple, la chanson Nelson Mandela est une musique zoulou, de même que la chanson « Penda » qui  est aussi une musique mandingue et, j’y chante en wolof mais, quand tu écoutes bien, tu as comme   impression que c’est un bambara qui ne maitrise pas bien le wolof  qui chante. C’est pourquoi je dis souvent que la musique est comme la mer, plus tu vas dans les profondeurs et plus tu découvres et explores des réalités et des existences qui t’étais jusque là  inconnues. Et il suffit d’écouter cette album pour se rendre à l’évidence que Amy Collé Dieng est devenue mature. « Album bi gnoor na »  (rires).

Dakarmuusique.com: pourquoi vouloir laisser de coté le mbalakh pur et dur ?
Mais parce que les sénégalais en ont marre de se faire défoncer les tympans avec du « run dung dung »,  les gens sont vraiment fatigués de cette musique. On peut faire de la musique sénégalaise, du mbalakh soft que tout un chacun pourra écouter sans pour autant être gêné. Nous sommes à une époque où les gens sont fatigués et stressés, ils écoutent de la musique pour apaiser leur âme, s’évader  et voyager à travers le temps dans des contrés lointains où leurs transporte la musique qu’ils sont en train d’écouter. Donc nous ne devons pas nous permettre de leur causer plus de peine qu’ils n’ont déjà avec une musique qui, au lieu de leur faire oublier les peines, les causes davantage de stress. C’est pourquoi il est nécessaire de tenir compte des préoccupations des mélomanes, leurs donner de la bonne musique avec un mbalakh soft dans lequel ils pourront voir les  différentes sonorités, les mélodies et les harmonies de la chanson sans difficultés.               

Dakarmusique.com: c’est rare de voir l’utilisation du violon dans le mbalakh et nous l’avons vue avec vous, qu’est ce qui l’explique ?
C’est la diversité dont je te parlais tout à l’heure, nous nous devons de découvrir autres choses, c’est de la musique que nous faisons et il se trouve qu’elle n’a pas de frontière. Nous n’avons pas de limite et, s’il s’agit du funk, nous lui donnons toutes les exigences qu’il requiert, pareil pour le salsa, le reggae et autres. C’est ce qui explique la présence du violon.

Dakarmusique.com: au moins 5 des 11 titres qui composent cet album parle d’amour, qu’est ce qui explique cette place que vous accordez à l’amour ?
Je suis un porteur de voix et je me dois de faire ce qui plait aux fans et aux sénégalais. Ce qui n’exclut pas le fait que je fais de la conscientisation dans ces chansons d’amour. Si je ne conscientise pas les hommes, c’est que je suis en train de  le faire avec les femmes, pour dire que ces chansons d’amour sont à la fois instructives et agréables à écouter.

Dakarmusique.com: pour votre première prestation, vous avez choisi de jouer les chansons Naby et Nelson Mandela, que représentent-ils pour vous ?
Nul n’ignore l’amour que je porte pour le prophète de l’islam Mouhamed (PSL) et j’ai fait le serment que jamais je ne sortirai un album sans pour autant lui dédié une chanson. J’aime Mohamed (PSL), c’est mon refuge, je vis et je respire pour lui donc c’est tout à fait logique que je commence par lui dans cette prestation pour le lancement officiel de l’album. Quand à Nelson Mandela, c’est une figure emblématique qui s’est toujours battu  pour la liberté et l’égalité entre les hommes. Il mérite plus que quiconque notre amour et notre respect. Cette chanson est un hommage à l’homme des temps futurs qu’il est, et je lui souhaite un prompt rétablissement et que Dieu lui donne une longue vie.

Dakarmusique.com: votre message pour les fans !
Je vous dis que cet album a pris beaucoup de temps pour se faire mais c’est juste pour vous faire plaisir et, Dieu merci, le produit fini se passe de tout commentaire. Prenez le et  chérissez le comme votre bébé parce qu’il est spécialement pour vous et merci du soutiens et de l’estime sans commune mesure que vous n’avez jamais cessé de  me vouer.

Par Abdoulaye Diaw, Dakar Musique
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